25 septembre 2006

"Samba triste" (III)... Le courrier du coeur


Maintenant que certains connaissent mieux la saveur de la musique de Baden Powell (je suis certain que beaucoup connaissaient déjà), le temps est venu de "retourner à nos moutons"... Excusez-moi, à nos toros. La boîte mail de Camposyruedos croule sous les courriels, une invasion d'amour pour ce site et ce blog, soyez-en remerciés, du fond de nos coeurs secs d'intransigeants amoureux du toro de combat. Bientôt, nous pourrons concourir dans la course au site le plus visité de France, non, de la planète taurine... Bientôt !
Trêve d'envolées autosuffisantes et laissons cela à d'autres, remercions (sérieusement cette fois) ici les quelques aficionados qui ont réagi au texte Samba triste et énervée d'un soi-disant ayatollah et qui ont pris le temps de nous écrire leurs impressions mais également leur avis sur "cet univers impitoyable" qu'est la voie lactée corrida.
Il aurait été dommage que vous ne profitiez pas de ces textes (deux le cas présent) pleins d'analyses et de réflexions. Deux pierres de plus ajoutées à notre modeste manifeste pour la survie du vrai toro de combat... C'est déjà énorme. Messieurs, merci donc et permettez-nous de vous publier ici.
[Nous avons volontairement ôté les noms de ces deux aficionados, par souci de respect de l'identité de chacun, vous le comprendrez aisément.]

Lettre n° 1 : 24 septembre 2006.

Bonjour,
Je tenais depuis longtemps à répondre à un de vos écrits. Par les mots qui suivent, et cela dit sans aucune ironie mais avec, peut-être, un peu d’emphase, je souhaitais vous apporter soutien et réconfort car vous semblez ne rien vous épargner.
De mon repère corrézien, je lis votre blog taurin militant ainsi que ceux de vos collègues espagnols et j’ai mal avec vous. J’enrage de voir, de lire et d’entendre ce que vous connaissez trop bien et que je ne nommerai pas une fois de plus ; votre inventaire-coup de poing balaie large et vise juste. Ouille ouille ouille !
A mille lieues des "terres taurines" et du monde du
toro, si vous voyez ce que je veux dire, je fourbis des armes désuètes à défaut d’être obsolètes : gueuler quand vous savez lors des très rares courses – bienheureusement – auxquelles j’assiste et continuer de rêver à... Chut !
Cordialement.
P. M. (Brive), trop jeune – 33 herbes – et trop incroyant pour prétendre au titre d’ayatollah, mais qu'importe.
* Pour
Le Robert, un ayatollah est un : « Religieux musulman chiite d'une haute dignité ; titre donné à certains sages hors de toute hiérarchie. », mais aussi un : « Représentant conservateur (d'une tendance). Les ayatollahs du rock. » Yeah ! Evidemment, nous nous identifierons à la seconde acception sans devoir nous offusquer le moins du monde, s’agissant de tauromachie, d'être taxés de conservateurs ou de réacs, vu l’application suicidaire des modernistes de tout poils à édulcorer et travestir la bien-aimée et déjà « très ancienne tradition humaine du combat du taureau sauvage » (Claude Popelin). Quant à ceux qui manient l'insulte, ils pensent sans aucun doute à la première – surtout par les temps qui courent où intolérance primaire et amalgames faciles font si bon ménage – sans en connaître jamais la définition exacte.

Lettre n° 2 : 23 septembre 2006.

Bonjour,
A l'heure où les amateurs "Toristas" sont traités d'Ayatollah, à partir de quel moment ne peut on dire que les assassins de
toros sont les nouveaux "T(err)oristas" de la tauromachie cherchant bien souvent le profit financier à celui de la pure tradition: cherchez l'(err)eur... Aujourd'hui, bien souvent les corridas font partie du Show Business des fêtes locales avec comme seul intérêt le chiffre situé en bas à droite de la page... Jamais les anti-corridas n'auront eu aussi raison qu'aujourd'hui.
Et cela ne semble pas s'arranger car nous nous dirigeons vers une autodestruction : Où ressent-on l'envie de transmettre aux jeunes générations ce "patrimoine culturel" (et non économique) ? Je ne suis plus très jeune mais je palpe encore le fossé qui me sépare (par fermeture volontaire des portes) des dit "SABIOS" de la tauromachie d'autrefois. En laissant les gens livrés à eux-mêmes devant une corrida, on arrive très vite à cette situation où le spectateur, qui dans la majorité des cas, ne possède même pas les bases de cet art vient dans l'arène (et nous ne sommes plus très loin des instincts de l'antiquité) pour voir un spectacle dont l'issue est la mort d'un
toro pour lequel il ne se seront même pas posé la question de sa bravoure, trapío ou caste parce qu'il ne savent même pas ce que c'est... De même qu'ils applaudiront toutes les fanfaronnades produites par de nombreux maestros spectaculaires (dans le sens d'experts de spectacle populaire... non péjoratif...) dont le seul but est d'enflammer 90% des spectateurs profanes pour couvrir les commentaires des quelques amateurs susceptibles de pouvoir les critiquer. La confirmation à 7 jours d'intervalle de Mehdi Savalli est la preuve de la dérive actuelle.
On voit même aujourd'hui des présidents qui cèdent à la pression populaire (enflammer comme vous le dites par les cuadrillas ou même l'
empresa depuis le callejón...) pour accorder la deuxième oreille, el rabo ou même el indulto del toro... Où est la crédibilité du règlement taurin ?
En devenant un spectacle de foire, le fil du "spectacle et lieux de tradition" dont parle la loi se brisera sous notre propre poids...

M. M.

Quant à moi, je cours m'acheter de nouvelles lunettes car la définition du mot "ayatollah" était bien dans le Petit Robert. Excuse-moi Robert de t'avoir si mal lu...