23 juin 2007

Une autre forme d'agrotourisme - Conde de la Maza 2007


Comment survivre quand la caste et la bravoure se sont fait la malle ? Telle est la question à laquelle doivent répondre de nombreux ganaderos dont les produits, pour cette raison ou par défaut d’intérêt de la part des empresas, ne se vendent plus que pour la calle, et encore.

En s’infiltrant dans le mouvement de l’agrotourisme, certains éleveurs, conscients des beautés que leur campo recèle et de l’intérêt que les touristes peuvent trouver à le visiter (bien au-delà des seuls aficionados), cherchent dans cette voie le moyen de maintenir à peu près à flot une activité dont il n’est un secret pour personne qu’elle est davantage source de tracas en tous genres que de profits mirifiques.

La question qui se pose pour nous est de savoir comment cette activité est gérée, et (thème cher à mon cœur) si les responsables de cette nouvelle forme de tourisme se donnent pour mission de défendre, auprès de leurs visiteurs, une certaine idée de l’élevage du toro et de son combat. S’il est dans leur intérêt évident de promouvoir la diversité des encastes, l’intégrité du taureau de combat et l’authenticité de la corrida, cette vision à long terme n’est plus forcément présente à l’esprit de chacun des ganaderos, et certains se sont fait une spécialité de ce type d’activité commerciale et touristique dont l’importance est aujourd’hui plus grande que les débouchés que leur offrent les arènes.

Il ne s’agit pas ici de distribuer bons et mauvais points, mais force est de reconnaître que la société Arenales de la Maza S.A., propriétaire de la ganadería Conde de la Maza, est loin de privilégier cette approche à la fois militante et éducative que nous appelons de nos vœux et que nous saluions dans un précédent message consacré à l’élevage du Marqués de Albaserrada.

La visite de la finca "Cortijo de Arenales", située à Morón de la Frontera (Séville) n’en demeure pas moins un régal, tant pour l’aficionado que pour le simple curieux amoureux de la nature. C’est grand, c’est beau, c’est propre, les paysages sont splendides et le ganado bravo – qui côtoie ici dans une magnifique harmonie chevaux, biches et cerfs –, s’il a hélas perdu son moral depuis quelques années déjà, reste d’une présentation irréprochable. Il convient simplement de garder présent à l’esprit que l’on ne vient pas ici pour aller plus loin qu’une présentation préliminaire de l’élevage de taureaux, très académique et plutôt réservée à l’usage de ceux qui découvrent le ganado bravo dans son habitat naturel. Le jeune étudiant en charge des visites, au demeurant fort sympathique, n’achèvera pas de convaincre les plus exigeants, mais peut-être sa leçon bien apprise suffira-t-elle à donner envie aux jeunes aficionados d’aller plus loin ; ce n’est finalement pas si mal.

Car après tout, rien n’empêche celui qui quitterait déçu la finca touristique, de pousser un peu plus loin ; ce ne sont pas les sources qui manquent. Il serait en effet dommage de ne pas connaître un peu mieux ce fer mythique. La ganadería est issue d’un lot d’origine Vistahermosa, passé entre les mains d’un nombre conséquent de ganaderos : Barbero de Utrera, Arias de Saavedra, Ildefonso Núñez de Prado, Marqués de Gandul, José Antonio Adalid, Francisco Taviel de Andrade, Gregorio Campos, Narciso Darnaude, Romualdo Arias de Reina et Hidalgo Hermanos (ouf !). Il fut ensuite aquis par les héritiers d'Arturo Pérez Hernández, et le lot revenant à María López de Tejada fut enfin acheté en 1955 par Leopoldo Sáinz de la Maza y Falcó, Comte de la Maza, lequel conserva le fer. C’est la fille de feu don Leopoldo qui préside aujourd’hui aux destinées de l’élevage ; c’est également elle qui est à l’origine de ses activités agro-touristiques.

La ganadería est d’origine Carlos Núñez ; le Comte forma la vacada avec des bêtes acquises auprès de Manuel Martín Berrocal. Il avait auparavant acheté plusieurs erales de la devise de Villamarta, de même origine Núñez, dont il conserva certains pour les utiliser comme reproducteurs. Il convient d’ajouter, à ces origines 100 % Núñez d’une part, quelques bêtes de Juan Belmonte, Gallardo et Gamero Cívico et, d’autre part, des vaches que le Comte de la Maza conserva après avoir acheté le fer d'Arturo Pérez Hernández. Il est difficile d’estimer dans quelle mesure ce bétail conservé par la ganadería est utilisé aujourd’hui, mais on peut estimer sans trop risquer de se tromper que la provenance des toros que l’on voit combattre dans les ruedos est à au moins 90 % composée de sang Núñez.

Les Conde de la Maza ont connu des succès importants dans les arènes de première catégorie, où ils étaient appréciés pour leur grand trapío et leurs cornes terrifiantes, ainsi que dans les ruedos français. Ils continuent d’être combattus à Séville et à Madrid, mais aussi dans des pueblos tels Cenicientos et Yepes, où leur entrée en piste continue de faire le spectacle. L’élevage n’est malheureusement pas au meilleur de sa forme ; il suffit pour s’en convaincre de lire les statistiques.

Nous n’avons pas pu avoir de détails sur les critères de sélection utilisés par la nouvelle responsable. La seule chose dont on peut être sûr, c’est que le soin apporté à la sélection d’exemplaires de grand trapío, aux encornures fines et très développées, continue d’être très important.

>>> Vous pourrez en juger par vous-mêmes en découvrant la galerie consacrée à la ganadería Conde de la Maza dans la rubrique CAMPOS.

Bonne visite.