19 juillet 2007

"Koh-Landa"...

Vous savez, cela ressemble à cette émission de télé-réalité dans laquelle des anonymes de la vie quotidienne vont se coller des frissons dans une soi-disant aventure sur une île déserte truffée de caméras. Ils subissent des épreuves de cour d’école et doivent surtout, c’est le principe fondamental, éliminer les plus faibles d’entre eux ou les plus gênants, c’est selon. Les idéaux de solidarité et d’entraide y sont sans cesse mis en exergue par un présentateur au charisme de moule anémique mais au final, c’est l’individualisme le plus bas qui s’affiche sous les cocotiers. On a beau être au loin du monde moderne, il nous rattrape partout malgré tout.
En février, au jour d’une novillada anodine de Palla dans un petit village des Landes, il fallait faire preuve d’unité face à la menace de ceux qui ne nous aiment pas, il fallait se serrer les coudes et faire corps face à ce visage anonyme et indéfini de la cause anti-taurine. Tout le monde était convié et tout le monde devait signer cet appel « universel » de la défense de nos « traditions ». Et tout le monde (ou presque) a suivi, a signé, a soutenu. « On ne pouvait pas faire autrement » disaient certains.
C’était le début du jeu, les équipes se formaient et étaient obligées de s’entraider si elles voulaient vaincre leur adversaire dans les épreuves de cour d’école. Pour manger des vers de terre ou des araignées poilues, il faut être solidaires !
Les mois ont passé, l’appel a eu moins d’écho et chacun s’est installé à sa manière sur cette île déserte. Face au meneur de l’équipe, celui qui avait prôné l’unité et le rassemblement face à l’adversité, des voix se sont levées, discrètement en pointant du doigt certaines manies comme celle de tirer la couverture à soi et de « s’y entendre pour faire parler de lui ». Vous l’imaginez, ça n’a pas plu au meneur de l’équipe. Loin de là même !
La vengeance, petite et fort mesquine, ne s’est pas faite attendre. Loin des idéaux affichés dans la profession de foi de l’appel de février, le meneur de l’équipe s’en est pris à certains qui avaient eu le tort de perdre un procès face à l’organisateur de spectacles de la première ville taurine du cosmos. Balaise la mauvaise foi ! Maintenant que chacun joue pour gagner sur ce bout de sable, le meneur de l’équipe n’a pas hésité, au cours de la séance d’élimination au coin du feu, à voter pour l’élimination de certains qui l’avaient soutenu quelque temps auparavant. C’est le jeu me direz-vous.
En ce qui concerne le procès précédemment cité, n’étant pas un spécialiste des labyrinthes juridiques, je me garderai de donner un avis même si l’impression qui ressort de cette affaire est qu’un organisateur de spectacles taurins et un éleveur ne s’en sortent pas trop mal voire même très bien. Quand on pense que ce même éleveur a nié être le ganadero d’un toro très suspect lidié à Aire en 2005 lors d’une conférence sur l’éthique taurine à Madrid... Edifiant !
Ils ont perdu leur procès et certains semblent s’en réjouir et s’ingénient à mettre de l’huile sur le feu par rancœur personnelle. La perte de ce procès devrait plutôt inquiéter une Afición qui ne peut pas ou plus se défendre face aux abus de l’afeitado. Qu’y a-t-il à reprocher à quatre membres de l’équipe qui ont tenté de confondre des pratiques frauduleuses qui vont à l’encontre des aficionados d’une part et qui, surtout, mettent en péril l’intégrité du toro brave ? Je me pose franchement la question.
Au-delà des résultats décevants de ce procès, il est une question que je ne me pose plus, c’est celle de l’unité de la soi-disant Afición. Elle n’existe pas et n’existera certainement jamais, malgré les conjoncturels appels à une union derrière un meneur qui n’accepte pas la remise en cause de ses opinions. Appeler à s’unir en février et dézinguer à tout va en juillet en réglant des comptes d’amour propre, ça ressemble définitivement à ce jeu télévisé dans lequel la solidarité s’arrête au moment de partager la couleuvre à manger...