05 août 2007

De la reseña à la désinformation... Lodosa 2007


La petite excursion de samedi en terre navarraise au pays du Piquillo se devait d’être discrète, dans le seul but de jauger l’évolution de la vacada de Tomás Prieto de la Cal. Mais, de retour en France, la lecture matinale de « LA » presse taurine française me mit en rogne et a inspiré ces quelques lignes.

Avant de débuter, il convient de dire que le cartel homme était des plus modestes : Javier Herrero (qui remplaçait Iván Pérez), Francisco Pajares et El Vitoriano. L’attente suscitée par ces novilleros, pas forcément jeunes, était elle aussi par conséquent mesurée. Mais pour dire vrai, je fus très agréablement surpris. Deux d’entre eux dégageant un bon concept classique du toreo, conception qui reste inédite pour la grande majorité des novilleros du « circuit ». Pausés, « quietos », passionnés de naturelle, citant à la distance juste sans étouffer le toro. Un véritable régal à la hauteur de mon étonnement. Malheureusement, leur technique était à l’opposé de leurs bonnes manières, gâchant quelque peu leurs prestations dès que les difficultés pointèrent leur nez. Javier Herrero fut largement au-dessus de son confrère Francisco Pajares, mais tous deux sont à féliciter, car ce qui reste le plus important à mon sens pour des novilleros, ce sont les intentions. Par contre, El Vitoriano fut comme attendu, vulgaire, brouillon et sans véritable intérêt, excepté aux banderilles où il s’illustra quelque peu.

Alors vous comprendrez mon étonnement lorsque le revistero entame par : « Mais l’information importante au sortir de cette belle tarde de novillos, est que le Vitoriano qui attendait demain comme on ose l’imaginer, pour passer l’épreuve de l’alternative, a été recalé administrativement par la commission des Jeux et Spectacles de Vitoria... » A la sortie de la novillada, nous pouvions évidement parler de nombreux sujets riches d’intérêt, mais pas du Vitoriano, dont la carrière de banderillero semble toute trouvée. Quant au règlement, tout le monde le connaît, alors pourquoi s’attarder ?

Passons et poursuivons :
«... ont été toréés six superbes novillos de Prieto de la Cal, des Veragua purs, 4 jaboneros, un colorado ojinegro et un negro bragado, le numéro 19, jabonero claro s’étant un peu blessé à l’encierro de ce matin en tombant, il s’était mordu la langue, mais a été déclaré apte au combat. Un tour d’honneur pour un ou deux éléments n’aurait pas été un luxe, mais ils ont tous, sauf le six, été applaudis à des degrés divers, à leur arrastre... »
Le qualificatif superbe me paraît ici bien excessif. En fait, il y eut deux lots de novillos. Un « joli » lot (3, 5 et 6) aux lignes parfaites et aux têtes dignes, bien que mesurées. Ceux-ci eurent un comportement encasté et difficile, intéressant. Le second lot (1, 2 et 4) était plutôt décevant, avec des novillos terciados et commodes de tête, leur petit physique et leur manque de force les rendant fades en inhibant toute notion de « poder ». L'épisode du cheval fut un simulacre et la belle noblesse des deux premiers accompagnée de trop peu de caste, resta vierge, sans transmettre d’émotion. Le 4, de media casta, réservé et sur la défensive fut le plus mauvais. Dans cet ensemble, bien que pas inintéressant, il était bien difficile de trouver « un ou deux éléments » à primer d’une vuelta.
Quant à la petite blessure du numéro 19, lorsque je lus qu’il s’était « mordu la langue », c’est la mienne que je faillis rompre. Pour être plus proche de la vérité, il faut parler d’une fracture de la mâchoire, le novillo ne pouvant à aucun moment fermer la bouche... (cf. photo)

Pourtant notre revistero vit tout autre chose :
« ... Le magnifique lot de Veragua présenté cette après-midi a, pour cinq éléments sur six, enchanté le public par ses qualités de caste, noblesse, de trapío et de fixité, le troisième étant ce que l’on appelle en numismatique « fleur de coin », c'est-à-dire une pièce tellement neuve et belle qu’il n’y a quasiment aucun défaut de structure. Le moteur, hélas, n’a pas toujours été à la hauteur du châssis. Mais comme ses camarades de combat, il s’est fait sèchement recevoir aux piques et il manquait un peu de forces à la fin pour enchanter encore plus les présents agglutinés à l’ombre... »
Pour revenir sur ce troisième novillo, qui m’a semblé également le meilleur, je me garderai bien d’autant de superlatifs, tant les médiocres capacités du Vitoriano ne nous permirent pas de le voir à son juste niveau. Quant au châtiment, il fut sur ce novillo sans exagération. La première pique fut réduite pour cause de batacazo et la seconde, prise au réserve, se résumant à un simple picotazo !

Mes commentaires sur cette reseña pourraient continuer longuement, mais soucieux de ne pas ennuyer le lecteur, je terminerai sur cette remarque :
« ... Dernière remarque un peu négative : Javier Herrero est sorti saluer sans que rien ne lui soit demandé, et, contre toute attente, a entamé une vuelta très protestée, ce qui ne l’a en rien empêché de continuer. Quel toupet pour un chef de lidia... déjà vernis au sorteo ! »
Le novillero cité fut de loin le plus capable et le plus torero de l’après-midi, malheureusement il toucha le plus mauvais sorteo. Il est vrai que la vuelta se fit dans une division d’opinion, mais comment la critiquer, alors que le « chaval » passa toute sa faena en naturelle, parfaitement croisé et plus que volontaire. De plus, dans le cadre particulier de cette novillada, deux oreilles furent offertes après des épées très basses et hémoragiques, comment dans un tel contexte refuser la vuelta ? Pour ma part, j’étais debout à applaudir cette vuelta et je vous garantis ne pas avoir été le seul, autant que d’autres sifflaient en guise de négation.

Voilà quelques commentaires qui me paraissent utiles, voire indispensables, pour donner non seulement un deuxième point de vue sur cette novillada mais également pour lutter contre la désinformation, voire le mensonge. L’information unique est dangereuse et l’Afición française y est de plus en plus confrontée, en particulier lors de spectacles isolés. Face au diktat imposé qui tente d'emprisonner toute opinion contradictoire, il nous faut lutter pour nous faire entendre.
Mes amis, entamons la révolution !

>>> Retrouvez la galerie de la novillada de Prieto de la Cal sur le site.