08 novembre 2007

Statistiques


En juillet dernier Bastonito a présenté sur son blog des statistiques concernant la fréquentation des arènes et l’évolution de l’intérêt du public pour la chose taurine.
De manière assez morbide il faut bien le reconnaître, il s'est « amusé » à calculer combien de temps il reste à notre Fiesta avant que la modernité ne la fasse définitivement ranger au rayon des souvenirs.
A Camposyruedos, si nous sommes parfois « toca cojones » nous n’en sommes pas pour autant d’un pessimisme noir. Il naîtra toujours, quelque part sur la planète des toros, un José Tomás, un Manzanares, un Cid, un Rincón, un Fundi, ou plus simplement un modeste, même laborieux, décidé à se mettre devant, et à nous émouvoir.
Nous sommes plus inquiets à la vérité sur la véritable épuration ethnique qui se fait au niveau du campo et de la cabaña brava car nous voyons difficilement comme pourrait se faire un retour en arrière. C’est cette situation-là qui nous inquiète, plus que les aléas de l’escalafón lui-même, que, de toute façon, nous ne consultons plus et depuis très longtemps, ou même que l’afeitado.
Bastonito met, lui, le doigt sur un problème à la vérité très inquiétant, vous allez en juger par vous-même. Ce dernier est allé chercher les résultats d’une série d’enquêtes menées depuis 1971 par un institut espagnol : Gallup (aujourd'hui Investiga).
Cet institut mesure depuis 1971 l’intérêt que le peuple espagnol porte à la corrida. Si ces résultats sont utilisés par les "antis", les taurins, eux, semblent ne pas en faire cas.
Sur le graphique ci-dessus Bastonito a dessiné une ligne de tendance des trente dernières années. En fuchsia figure le pourcentage des personnes absolument pas intéressées par les toros ; en bleu la représentation celui de celles qui sont intéressées ou très intéressées par les toros.
Durant les 35 années qui vont de 1971 à 2006 les personnes intéressées par les corridas de toros sont passées de 55% à 28% alors que celles qui s’en désintéressent sont passées de 43% à 72%.
Il nous semble important de faire le distinguo entre, d’une part les personnes très intéressées soit 7%, c'est-à-dire les aficionados, et d’autre part, ceux qui éprouvent pour la chose taurine un intérêt simplement limité mais qui sont susceptibles de passer par la taquilla.
On voit bien que ce ne sont pas les aficionados qui font vivre le système ou alors très partiellement. Nous sommes minoritaires et ce n’est pas une nouveauté.
Et Bastonito de conclure par la question qui tue : quel est le pourcentage de « très intéressés » et surtout de « un peu intéressés » nécessaire pour que soit rentable l’organisation d’une corrida ?
C’est bien difficile à dire mais si les choses continuent ainsi et si la tendance ne s’inverse pas il est difficile d’envisager l’avenir avec optimisme.
Nous persistons ici à penser que ce n’est pas avec un perpétuel adoucissement des mœurs taurines, avec une perpétuelle « humanisation » de la Fiesta que la tendance peut s’inverser en notre faveur. Et la dernière évolution qui consiste à accepter la quasi disparition du tercio de varas, puisque, même à Madrid, aujourd’hui, on peut triompher avec un animal supportant à peine plus d’un picotazo, ne plaide pas en faveur de l’avenir. Ce n’est pas être ultra, ou taliban ou dieu sait quoi que de penser que la pierre de voûte de la Fiesta est le toro. Et que si ce qui sort en piste, en plus d’être mutilé, ne fait plus peur à grand monde, et ressemble plus à un agneau qu’à un fauve, alors nous passerons, et à juste titre, pour des barbares.