01 février 2008

La valise de Robert Capa


Soixante-dix ans après la mort au Viêtnam du célèbre photographe, qui couvrait la guerre d'Indochine aux côtés des troupes françaises pour le magazine Life, une véritable valise aux trésors vient de sortir de l'oubli dans lequel elle était livrée à Mexico depuis de nombreuses années.
3 500 négatifs, en excellent état, de clichés pris pendant la guerre d'Espagne, côté républicain. Si la plupart des photos sont attribuées à Robert Capa, d'autres le seraient au co-fondateur de l'agence Magnum David Seymour, ainsi qu'à Gerda Taro, la compagne du célèbre Bob quasiment oubliée. On sait depuis peu que l'attribution de la paternité des images du couple à l'un ou l'autre des deux photographes n'est pas chose aisée. Certains des chefs-d'oeuvres de la photo-reportage depuis toujours attribués à celui avec lequel elle a partagé sa courte et mouvementée existence (avant de périr sous un char dans les environs de Madrid) auraient en réalité été réalisés par elle ; et non des moindres, puisque c'est elle qui aurait photographié le cultissime soldat républicain fauché par une balle franquiste.
Les trois cartons dans lesquels les négatifs sont soigneusement rangés contiendraient des images inédites, dont quelques portraits d'Ernest Hemingway et de Federico García Lorca, et permettraient aux experts de mieux connaître les conditions dans lesquelles les événements de la Guerre d'Espagne auraient été couverts par Robert Capa... et Gerda Taro.
Le cheminement de la précieuse valise est en lui-même toute une aventure dont tous les secrets ne sont pas levés. Sans doute l'étude de ce nouveau fonds permettra-t-il de lever le voile pudique jeté depuis des lustres sur cette période troublée. Et sur l'étendue réelle de l'oeuvre de Gerda Taro (Gerda Pohorylles à l'état civil), première femme reporter morte sur le front ; car non seulement son souvenir s'effaça injustement derrière celle de son compagnon, mais la réalité des images qui la composent a sans doute été sous-estimée, jusqu'à ce que le livre d'Irme Schaber vole au secours de la photographe décédée à seulement vingt-sept ans, dans une tentative convaincante de réhabilitation artistique.