06 juillet 2008

Tres exposicions a Catalunya


Je recherche dans la peinture le terrain sur lequel je combats. Jean Capdeville

Les expositions de Jean Capdeville (Saint-Jean-de-L’Albère 1917) sont suffisamment rares et discrètes pour que l’on puisse les qualifier d’exceptionnelles. Au sens propre comme au sens figuré. Celle1 que lui consacre la ville de Perpignan au Couvent des Minimes — en voilà un lieu bien choisi —, en collaboration avec la Fondation Miró et dans le cadre de la manifestation « Perpinyà Capital de la Cultura Catalana 2008 », vaut le détour à plus d’un titre et... pas seulement parce qu’elle partage le Couvent avec celle2 de son compère cérétan, le photographe Robert Julia (1920 - 2003) — parmi la centaine de clichés présentée, dont trente tirages couleur inédits, vous croiserez probablement le doux regard et la silhouette monacale de Jean Capdeville... Pas seulement non plus parce que la capitale de la Catalogne nord n’est qu’à une trentaine de kilomètres de celle de la cerise ; pas seulement parce que l’affiche de Céret de Toros 1994, c’est lui3 ; pas seulement parce qu’à le voir en photo, chose rarissime, il vous prend l’envie de lui donner un abrazo ; pas seulement parce qu’il vit en ermite et travaille — toujours — à Céret ; pas seulement parce que sa main inspirée a illustré des livres de poètes — Paul Celan, Jacques Dupin, Yves Peyré, Georges Badin, Serge Pey et j’en passe ; pas seulement parce qu’il s’agit là de la première grande rétrospective de son travail ; pas seulement parce que l’exposition estivale du Musée d’Art Moderne de Céret ne vous dit rien qui vaille et vous pousse à fuir, un temps et à regret, la cité du Vallespir... pour vous rendre pas très loin, entre Canigou et Méditerranée, à Saint-Cyprien par exemple où ses Collections4 présentent l’intégralité des estampes réalisées par le peintre anglais Francis Bacon (Dublin 1909 - Madrid 1992). Au nombre de 54 et appartenant à la Collection Alexandre Tacou, toutes originales, signées et numérotées par ce grand maître de la peinture (un classique ?), elles seront réunies au complet pour la première fois... Avouez tout de même qu’il serait dommage de s’en priver... Outre cette lithographie taurine "jaraldelamiresque" (quel coloriste ce Francis !) ou ce portrait gravé et monstrueux de l’auteur du Miroir de la tauromachie et de La Course de taureaux5, j’ai grande hâte de savoir si j’aurai la joie — une joie mêlée de crainte — de retrouver sur les cimaises catalanes quelques hallucinants et hallucinés papes peints d’après Velázquez, qui m’avaient fortement tourneboulés à l’époque (Centre Pompidou, 1996).

Quête légitime puisque, comme le précise opportunément le texte de présentation du site des Collections, ce travail de gravure a plus que quelque chose à voir « avec ce que le XVIIIe siècle appelait l’interprétation : la reproduction d’œuvres peintes par des procédés lithographiques. À l’exception notable d’une seule, inédite, toutes les images sont issues des tableaux de Bacon. »

En guise de conclusion, vous pouvez dès à présent noter sur vos agendas que le Museo del Prado de Madrid, après la Tate Britain de Londres et avant le Metropolitan Museum of Art de New York, proposera sa première rétrospective de l’œuvre de Francis Bacon, du 3 février au 19 avril prochain. En 2009 donc, année du centenaire de sa naissance... À Madrid, ville qui l’a vu mourir... Amen.

1 Jean Capdeville – 60 ans de peinture (1948-2008), du 14 juin au 20 août 2008 et du mardi au dimanche de 12h à 19h. Entrée 4 €. Catalogue.
2 Robert Julià (écrit ici "à la catalane"), du 31 mai au 8 août 2008 au Couvent des Minimes. Du mardi au dimanche de 12h à 19h. Entrée libre. Catalogue.
3 Ne pas confondre Jean avec son neveu Jacques Capdeville (Céret 1953) peintre lui-même et auteur de l’affiche de Céret de Toros 1990.
4 Francis Bacon : Estampes, du 30 juin au 21 septembre 2008 aux Collections de Saint-Cyprien. Tous les jours 10h-12h / 15h-19h. Entrée 6 €. Catalogue.
5 Michel Leiris, André Masson (Ill.), Miroir de la tauromachie, Fata Morgana, 1981. Michel Leiris, La Course de taureaux, suivi de Calendrier et Souvenirs taurins, Édition établie et présentée par Francis Marmande, Fourbis, 1991.

Images Jean Capdeville / Sans titre, 1979 / Acrylique et technique mixte sur toile, 196 x 261 cm. Photo © Joseph Gibernau pour le Musée d’art moderne de Céret Robert Julia / Inauguration de la rue de la Sardane, Céret 1962 / Tirage argentique n&b, 20 x 30 cm © Galerie Odile Oms, 12 rue du Commerce à Céret Francis Bacon / D’après Study for a Bullfight n°1, 1969 / Lithographie, 1975 / Papier, 160 x 120 cm # D’après Portrait of Michel Leiris, 1976 / Gravure, 1978 / Papier d’Arches, 67,4 x 52 cm © Panopticart.fr