11 septembre 2008

¡Casta! ¡Casta! ¡Casta!


Nous revenons aujourd’hui sur la terrible novillada de Joaquín Moreno de Silva combattue à Madrid le dimanche 7 septembre dernier. Je vous ai traduit pour l’occasion quelques passages d’un post de notre ami Bastonito. Vous noterez qu’il précise que cette course ne fit pas preuve de bravoure, ce qui ne l’a pas empêché de l’apprécier pour d’autres motifs, notamment pour sa caste débordante. Il est donc curieux de voir une partie de l’afición se faire attaquer par le président de l’OCT sur la supposée bravoure de cette course ; bravoure qui n’a été ni avancée ni revendiquée ni affirmée par qui que ce soit. Mais il est vrai que, en matière de manipulation grotesque, notre doctrine accréditée n’en est plus à une près. Il suffira de se remémorer l’invention délirante de mesures imaginaires publiées sans la moindre vergogne, ni rectificatif, après l’utilisation de la pique andalouse en juillet dernier à Beaucaire. Dans le cas qui nous occupe cela commence donc par une extrapolation douteuse sur le comportement de cette novillada et sa supposée bravoure. Mais n’ayant pas assisté à la course, je me garderai bien d’en penser quoi que ce soit. Le pompon, ou la cerise sur le gâteau, c’est enfin l’évocation par Monsieur André Viard, sur son site, d’un ganadero honteux du comportement de ses toros et qui, sous le coup de la déception, aurait quitté l’arène avant la fin du spectacle (éditorial du 11 septembre 2008). Vous trouverez à la fin de ce post un lien qui va vous permettre d’écouter une interview du ganadero le soir même sur la Cadena Cope où il a notamment déclaré : "Estoy muy contento de la novillada."
Est-il réellement besoin de traduire ? Vous pourrez écouter cette déclaration 37 minutes et 28 secondes après le début de l’émission. Mais comme, malgré tout, je me méfie un peu de ces nouvelles technologies qui nous gouvernent j’ai souhaité confirmer cela avec l’aide d’une ancienne technologie : le téléphone. J’ai donc appelé directement l’éleveur pour recueillir son avis sur cette course qui a fait beaucoup parler.

- Bonjour, etc, etc… Quel est donc ton sentiment sur cette novillada ?
Le ganadero exulte. Il est aux anges.

Joaquín Moreno de Silva : « Ecoute, très sincèrement je suis enchanté ! C’est une des courses avec le plus de raza et le plus de casta que j’ai eu l’occasion de faire lidier dans toute mon existence. Je suis vraiment ravi car c’est un peu la récompense de tous nos efforts, de notre travail… »

Je ne peux évidemment m’empêcher d’évoquer sa supposée fuite (?), désertion (?), du tendido avant la fin de la course pour cause de « mansedumbre et genio intoréable ». A cet instant Joaquín Moreno de Silva n’exulte plus du tout. Le ton est sec et tranchant, aucune hésitation ne vient entraver le flot de son indignation.

JMS : « Bien sûr que non ! Tu imagines bien à quel point j’ai goûté ces instants. Il y avait le 7, qui n’avait de cesse de me remercier, d’évoquer la mémoire des Saltillo… et je serais parti !? Ce ne sont que les mensonges et les manipulations systématiques des aigris de toujours, ceux qui par ailleurs ferment les yeux sur l’afeitado etc., etc.
Non ! J’ai assisté à cette course de bout en bout, avec ma femme, mes enfants, mon ami Martínez Conradi de La Quinta, et une fois le dernier toro tombé nous avons alors quitté les arènes, etc., etc. »

Je me pince presque pour y croire et reste pantois face à la grossièreté du procédé. Après Palha, il est clair que la sauvagerie des Saltillo de Joaquín Moreno de Silva est également devenue indésirable chez les hautes autorités qui nous observent.
Palha, Moreno de Silva... Nom de Dieu ! Mais c’est une liste ça ! Un fichier ? Camposyruedos aurait-il, sans le vouloir, mis à jour l’existence du fichier Edwige des élevages indésirables ou susceptibles de troubler l’ordre public ? En tout cas ça fait froid dans le dos. Brrr...
Après Moreno de Silva, je m’en vais de ce pas téléphoner à la CNIL pour savoir si tout ça a été fait dans les règles. Non mais ! En attendant laissons plutôt la parole à Bastonito qui était présent à la course.

"Qui se serait aventuré à dire à Valentín Mingo qu’il serait sélectionné pour participer au trophée "Ocho Naciones" après avoir écouté trois avis et laissé partir vivant son premier novillo ? Ce curieux trophée est organisé à la va-vite depuis deux ans par la direction irrégulièrement adjudicataire des arènes de Las Ventas, avec des novillos qui ressemblent à des toros et des novilleros qui ressemblent à des becerristas bien qu’il aient dépassé les 25 ans.
La novillada de José Joaquín Moreno de Silva, bien présentée, est sortie dure,
correosa, difficile et exigeant la carte professionnelle de torero à tous les participants, qu’ils soient chefs de cuadrilla, picadors ou banderilleros.
La véritable caste a ses exigences : elle requiert de la technique chez les
lidiadores et produit l’émotion indispensable pour qu’un spectacle taurin puisse être considéré comme un spectacle et permette de grand triomphes à ceux qui savent se jouer avec brio des dangers de la lidia.
Alors évidemment, bien qu’aucun des six Saltillo sortis dans la piste madrilène n’ait été brave, certains ont mis les reins dans quelques piques, d’autres on poursuivit aux bandereilles et tous sont arrivés nobles à l’ultime tercio, et même avec
boyantía dans certains cas. Tous sont mort au centre ou aux medios, bouche fermée et voulant encore se battre, malgré les tentatives des cuadrillas pour les attirer vers les planches...
... Ils diront ensuite que le bétail « n’a pas servi » ou, comme l’a dit l’ineffable Íñigo Crespo sur Radio Nacional, qu’ils ont fait preuve de « beaucoup de danger ». Le bétail de caste est dangereux Monsieur Crespo, eh oui, il sert, messieurs les professionnels, dès lors que vous maîtrisez les rudiments de votre profession...
... Une novillada de celles qui font l’
afición... y una efusiva felicitación al ganadero desde esta humilde bitácora."