14 septembre 2008

Un grand Merci


Et ben voilà, c'est fait, on l'a gracié. Dax ne pouvait ni ne devait y échapper. Alors bon... Ce toro se voit sauvé par son infinie Noblesse et la grande Classe qu'il affichait au fond de chacun des 380 000 et un muletazos que lui a superbement proposé le GRAND Perrera en ce jour béni. Nul ne saurait le nier, mais voilà, Desgarbado n'était pas Brave. Et pour cette raison, et uniquement celle-là, il aurait dû rejoindre ses cinq compères du jour, au Campo des Campos.
Bien sûr, l'incident, au vrai sens du terme, ne sera qu'une modeste effusion dans l'histoire des Toros, mais les faits sont là, encore et toujours : on gracie des toros Nobles mais on ne gracie pas de toros Braves. Même pas par erreur... surtout pas par erreur. Avouez que le message est clair.
D'ailleurs, pour l'anecdote, c'est bien le Grand César et le "beaucoup moins grand" Zocato, qui ont poussé le bouchon suffisamment loin pour que tout cela finisse en une bronca majuscule envers l’humble palco pourtant peu enclin à pousser l'exploit jusqu'au non retour. Mais que voulez-vous faire contre le Peuple déchaîné, surtout quand ses idoles (les deux illustres nommés plus haut) vous demandent d'y croire ? Ne vous jetteriez-vous pas sous un train si Rincón ou Zocato vous le demandaient ? Eux, si.
Allez, c'est pas bien grave. Ce toro était très Noble et sans doute aurait-il supporté quelques piques, si on lui en avait proposées. Mais on ne lui en a pas proposé, parce que ça ne se propose pas, ou plus. Voilà, quand on n'a pas l'habitude de piquer, faire piquer ou voir piquer des toros, on se contente de cette fameuse bravoure moderne uniquement décelable au fond des 380 000 muletazos de Perrera et des autres. Et c'est souvent bien suffisant, ma foi. A contrario, on ne décèle jamais de noblesse à travers une paire de puyazos. Tant pis pour les Braves... et puis pour nous, aussi.
Alors, puisque 'Desgarbado' ne peut le faire, je me permets de prendre le relais en remerciant pour lui le Grand, l'Immense César Rincón, le premier à avoir compris la nécessité pour un éleveur de la trempe de Victoriano del Río de sauver la vie d'un si grand toro. On souhaite par ailleurs à Monsieur César, Ganadero, de grandes heures de Noblesse avec ses propres rejetons. Je n'oublierai certainement pas de nommer le Fantastique, l'Incontournable, l'Insoupçonnable Vincent Bourg dit "ZOCATO" et tous ses amis journalistes pour leurs ricanements dédaigneux envers les sensibilités opposées, « parce que eux, ils connaissent et ils savent », et qu'ils ne se lasseront probablement jamais de nous le faire savoir, à nous, le petit peuple de bas étage, les fameux exigeants rigolos qui amusent la Grande Afición, la Vraie, la Pure, la Seule, la leur, parce qu'ils ont osé évoqué, à moins de 10 m de leurs bien chastes oreilles, le souvenir d'un lointain Tercio de Varas vu au nord des Landes quelques semaines auparavant.
Je souhaite également les remercier pour autant de savoir divulgué à coups de trop longues tirades bien trop quotidiennes à mon goût, où l'on se rend finalement compte que leurs mots agissent dans le subconscient du consommateur moyen comme un Coran mal interprété dans un esprit conditionné et un peu faible. La Sainte parole des Saintes Nitouches aux objectifs bien divers et souvent peu avouables...
Je ne finirai pas sans rendre hommage à l'Afición "fleur bleue", aux glandus et autres imbéciles heureux, à tous ceux qui remplissent niaisement les gradins parce qu'il n'y avait rien de mieux à la télé, qui s'accrochent encore à des lectures aussi insipides que dangereuses crachées par des journaleux qui ne savent pas ce que c'est que de sortir un centime d'euro pour s'offrir une entrée en grada sol. Je rends hommage aux violents, aux haineux, aux fous, aux dangereux qui ne sauraient voir un pitón afeitado — surtout pas s'en emouvoir — mais qui sauront toujours juger si un toro doit vivre ou pas, en dressant haut le poing menaçant contre un palco récalcitrant, ou en lui promettant le pire, pour arriver à leur fin et rentabiliser leur inassouvie soif de succès et de triomphes auxquelles on les a trop habitués, et dont ils ne sauraient plus se passer. Et surtout, surtout, je voudrais ici saluer tous ces gens charmants qui peuplent depuis trop longtemps les tendidos, et qui argumentent systématiquement leur affligeante béatitude par le désormais célèbre : « Tu t'es mis devant, toi, pour dire ça ? ». Ceux-là mêmes qui se sentent contraints de briser la dignité d'un silence poli ou sévère par leurs insupportables applaudissements à tout rompre, parce qu'à la corrida, IL FAUT APPLAUDIR TOUT, parce que « eux, ils se mettent devant ». Tous ces gens qui ont si souvent su me dire qu'ils ne m'aimaient pas « parce que je ne me contentais de rien et finissais par gâcher leur plaisir », et à qui je réponds enfin de tout mon cœur et de toute mon âme que je ne les aime pas non plus. Par là même, merci à tous ces ganaderos de "Bravos" (la bonne blague...), qui ont finalement réussi leur pari fou d'imposer leur tauromachie mièvre, édulcorée, populiste et commerciale à une Afición mièvre, édulcorée, populiste et commerciale.

'Desgarbado' vous remercie tous bien bas, sait pertinemment tout ce qu'il vous doit et vous en sera à jamais reconnaissant.
El Batacazo

Image La Pietà de Michel-Ange, vers 1498-1500, statue en marbre (hauteur 174 cm), Basilique Saint-Pierre de Rome © Wikipédia