10 septembre 2008

Urcola et la règle de trois


Notre ami DD Catalunya a eu la gentillesse de nous envoyer ce compte rendu de la novillada de Urcola de Victorino Martín combattue à Rieumes en remplacement des Coquilla de Sánchez-Arjona. Les plazas offrant l'ocsasion de voir combattre des encastes minoritaires et originaux sont si rares que, au-delà du résultat artistique de la course, il convient de saluer le travail mis en place par Rieumes.

En ce samedi nuageux et pluvieux, notre curiosité nous poussa vers Rieumes pour voir combattre les novillos de la « Ganadería de Urcola ». Ce cheptel d’origine Paco Galache a été acquis par Victorino Martín qui complète ainsi sa palette de ganadero par du Urcola et du Vega-Villar (qu’il possédait déjà par Monteviejo). Ces novillos au physique imposant sont tous sortis dans le style Urcola de la maison mère.
Ils nous ont donné un cours de mathématiques en nous faisant le coup de la règle de trois. Trois novillos d’une bonne tonalité, trois qui beuglaient et posaient problème, et trois avis pour l’infortuné Javier Cortés. Enfin, il y eut un dénominateur commun à la règle dans la promptitude des novillos à remater aux burladeros dès leur sortie et à montrer des signes de faiblesse au niveau des antérieurs. Les multiples transports et la grande humidité présente sous le sable de la placita ne pouvant pas expliquer à eux seuls ce déficit de forces.
'Irritoto' ouvrait le bal. Sortant en piste un peu distrait, il prit une première pique sans s’employer en trois coups de bois. Revenant à la seconde, il poussera sans conviction tête haute. Il continuera à donner du chef tout en révélant une bonne charge. Il sera toréé par Daniel Martín qui n’arrivera pas à trouver la solution. Le deuxième, 'Noquito', alla deux fois au cheval. Des petits signes de faiblesse, une démarche en « crabe » et un tempérament colleur permettront toutefois quelques beaux gestes de Rubén Pinar. Dommage que le garçon abuse de la porfia car la faena aurait pu être plus dense et plus efficace. Il nous le prouva à chaque fois qu’il se mit entre les cornes. 'Tomillero', troisième animal, nous régala d’une sortie pleine de gaz et de promesses... Il poussera lors de la première et seule rencontre où le picador, en trois reprises, éteindra le feu naissant. Le novillo ressortira en s’agenouillant, devenant parado. Javier Cortés, lui, se mettra au milieu des cornes pour deux belles séries, dont une par le bas d’excellente facture. On en resta malheureusement là...
Le second acte de la course sera bien différent, à l’image des gros nuages noirs et de l’averse qui accueillirent 'Noquitón'. Intuition, grande connaissance du bétail, acte délibéré ? Sans brega et sans attendre, le picador de service se rendit par deux fois au milieu du ruedo pour cueillir le cornu. Quels critères pouvaient justifier pareil comportement ? Sûrement le caractère du novillo qui après cette épreuve chercha l’homme derrière le leurre toute la faena.
Martín essaya d’engager la bataille et l’on s’attendait à une vraie bagarre comme on les aime... La réduction de 'Noquitón' sera impossible car le novillero risquait gros dans le terrain des planches. Il ne put jamais en sortir, ce qui ne l’empêcha point d’obtenir une oreille. Le cinquième, 'Noquitón II', nous gratifia d’une vuelta de campana et d’une seule rencontre avec la cavalerie. Rubén Pinar la jouera « bonito », toréant bien de la ceinture pour beaucoup d’enganchones devant les hachazos soutenus. Une épée en avant et tombée pour une oreille, afin d’égaler son chef de lidia. Le dernier, 'Primaverito', permettra au public de s’exprimer une bonne fois pour toutes. Faible et réservé il n’inspirait rien de bon aux piétons. Il recevra trois piques avec grosse ration lors de la deuxième rencontre. Il sera banderillé à la media vuelta, ou demi-tour contact, seul recours possible pour atteindre la tête de l’animal. A ce moment-là, la panique était palpable. Le novillo réservant ses quelques charges pour toucher la cible. Cortés fit deux tandas par le bas en essayant de déplacer le quadrupède au centre mais la problématique était insoluble. C’est alors que le public gronda quand, après quelques coups d’estoc, les cuadrillas, aidées par les deux maestros, essayèrent d’enlever les épées du dos du toro depuis le callejón. Ce fut alors un festival de bras tendus, de muletas, de capotes de paseo, oui de paseo. L’alguacil intervint, mais le manège reprit de plus belle quelques secondes plus tard. On crut même que le coup fatal allait venir de ce descabello qui voyageait de mains en mains derrière la barrière... Sous l’orage du public et seul en piste avec son courage, le maestro n’y arriva pas, se faisant prendre heureusement sans gravité... Allons Messieurs, si au lieu d’agir de la sorte vous aviez dispensé quelques capotazos efficaces pendant la lidia, là vous auriez aidé le jeune maestro. Nous, nous restons dans les tribunes, nous critiquons sûrement, mais comme on nous le fait parfois remarquer, nous ne sommes pas toreros, et ne cherchons pas à l’être. Honorez donc votre statut... La course s’achèvera là-dessus, avec un novillo à puntiller dès lors, et réglementairement, depuis le burladero. Le pauvre Javier Cortés s’effondrant en sanglots sous l’ovation d’une partie du public...
La course si alléchante à nos yeux n’aura valu que par trois novillos. Faisons confiance à l’éleveur pour qu’il arrive, à force de sélection, à trouver une solution à la règle de trois...
DD Catalunya

Photographie Un novillo de Urcola à Rieumes © DD Catalunya