23 décembre 2008

Lettre au Père Noël


Spécial NoëlCher Père Noël,

Cette année je croive que j’ai été un peu plus sage.
Dans l’école taurine de Palavas-lès-Dax ousque je redouble, j’ai pas eu les 3 avis comme l’an dernier. Faut dire que mon padré y m’a dit que si je faisais le couillon, y me couperait les deux oreilles et même davantage, et que ça lui donnerait l’accompagnement dans la paëlla.
La vache ! Comme je me suis fais assaisonner ! Y m’a dit que pour moi ça soyerait les prémices du riz, ça m’a calmé ! J’ai pas tout compris, mais la vie de ma mère, ça m’a calmé !
Et puis y’a le maestro, y rigole pas lui ! Y veut le total respect, sinon…
Toní, mon grand frère, y l’appelle pas "Maestro", y dit "Descabello". Descabello, tu le sens pas venir et paf ! Une talochasse, et si tu bouges y t’achève. Toní, tu peux y faire confiance, vu comment qui s’est déjà fait tuer. Le padré y lui a promis la paëlla mais y’a rien à faire. Toní, c’est un trémendiste.
Toní y dit que Descabello, c’était sa spécialité de torère, le descabello. Même qu’une fois il en a mis 33, comme chez le docteur, 33. Y te l’a soigné le toro ! Depuis les grands y l’appelle "El Médico" en rigolant mais nous, non ! Nous, on a le respect, sinon…
L’autre jour, le Maestro y m’a dit : "Bien, petit, si tu continues, cette année je t’indulte."
J’étais fiérasse et j’ai fait la vuelta.

Tu vois que je te mens pas Pére Noël, même je te fais la confidence que pendant la vuelta, Domecquito, le chouchou, il a traité ma madré et avec Momojito, vu qu’il lui avait mal parlé aussi, on te lui a collé une de ces pignoles que même le burladère il a tremblé. Momojito c’est un vrai peón de confiance, y vient toujours au quite. Le Maestro, il a rien vu, il était sorti prendre son médicament. Il en prend beaucoup pour pas péter les plombs mais vu que ce jour-là, y avait aussi l’apéro de fin d’année, ça a disjoncté.
Le maestro a voulu faire carretón à la place de Domecquito. Au début y criait fort en disant que c’était un Miura et que si on était des torérasses avec ce qui fallait ousqu’il fallait, c’était le moment et que celui qu’en avait, s’avance.
Kévinito y s’est mis à pleurer et Dylanito à rire mais Toní, lui, il a voulu faire une porta gayola pour épater Pamela. Toní y dit toujours : "C’est ma bonne amie, d’abord pasqu’elle est bonne et puis c’est mon amie." Et il lui fait un smack. C’est dégeulasse ! Nous, Pamela, on l’appelle Pomelos, pasqu’elle t’a une de ces paires…
Donc Toní y s’est mis à genoux, face au toril. Le maestro s’est élancé comme un cinqueño enragé, avec même de la fumée qui lui sortait des naseaux et les yeux tout rouges, comme en vrai. Toní, il a lancé sa cape et elle est restée accrochée à une corne. Y voyait plus rien le Maestro avec le capote dessus et il arrivait plus à s’arrêter non plus. Il a foncé jusqu’au patio et nous, on a juste entendu le bruit quand y s’est mangé le mur.
Y s’en sont vu de toutes les couleurs les pompiers pour le décoller du carretón. Le maestro, il arrêtait pas de répéter : "Me llamo 'Islero', me llamo 'Islero', me llamo 'Islero'…"

Special NoëlTu sais, Père Noël, ceusses qui disent que t’existes pas, c’est rien que des menteurs et je t’écrive ma lettre comme chaque année.
Mon padré y dit : "C'est le moment de demander des cadeaux, entre les indultos et tous ces changements dans les arènes, on peut y croire au Pére Noël !"
Moi ce que j’aimerais c’est que le maestro y se récupère vite de sa cornade et que tu nous remplaces notre carretón et aussi un capote neuf pour Toní pasque l’autre il en reste que des franges.
Si tu peux, pour mon ami Momojito, un costume de torère vert menthe, ça lui va bien et pour moi un bon apoderado qui me fera devenir un Torèrasse !
Et pour mon padre un abono pour Vic, Céret, Parentis… et Orthez.

Je te fais un fort abrazo pasque demain c’est ta grande faena.
¡Cruzate! Je suis sûr que tu vas sortir a hombros.
¡Suerte! Pére Noël.

Pepito

Dans la série Les enfants sont merveilleux, retrouvez le 1er épisode : La rentrée à l'école taurine de Palavas-lès-Dax, par JotaC. En novembre, un autre courrier de Pepito : Pourquoi ça bouge ? par Laurent Larrieu.