18 juillet 2009

Céret 2009


Les bals des pompiers ont ceci d'instructif qu'on y comprend en quoi les "Fat Bottomed girl make the rockin'world go round" entre autres choses. N'y sentez aucun mépris de la part de mon esprit enthousiasmé, mais le "pazeaû dobl" interprété à l'accordéon en pareilles circonstances a le mérite de vous remémorer tout ce qu'il y a de bon à passer chaque année un week-end à Céret, et pas simplement à cause de la Cobla Mil.Lenaria. "Si le monde était cérétan - disait Fabien, joyeux - on n'en serait pas là !", on ne peut s'empêcher de lui donner raison. Pour le meilleur et pour le pire, certainement. Sans Céret, nous n'aurions pas eu le coude cassé caractéristique du Viti, la présentation d'Enrique Ponce en France, l'alternative de Rafa González ainsi que la mort et la résurrection d'Esplá. Probable qu'on aurait pas encore marché sur la lune non plus, mais vous conviendrez qu'au quotidien, ce "grand pas pour l'humanité" nous fait une belle jambe. A Céret, on ne vient pas pour parler d'appendices et de choses de ce genre, ce qui repose un peu, avouons-le ! Mais ce que j'aime par-dessus tout à Céret, c'est l'impression de "Monde Perdu" au sens Conan Doyle du terme : un lieu secret, caché dans un cratère de verdure. D'aucuns diront qu'on y sort des mammouths et que les moeurs y sont préhistoriques. Si tel est le cas, tant pis ! Ça fait partie du charme : y'en a un peu plus ? Oui, vous me le mettez quand même ! Céret, destination finale, ni Sud-Est ni Sud-Ouest, plus vraiment France taurine, le coin que j'ai compris avoir longtemps cherché quand j'y ai mis les pieds pour la première fois.
Céret implique un aspect select. Select au sens où peu l'entendent et rares ceux qui le comprennent, ce qui aide considérablement pour la sélection. Pratique ! A Céret qui ne racole guère, j'ai plaisir à me piquer de fidélité. On fait ce qu'on peut, rien de neuf dans ce con de schéma-là : on t'avait pourtant rien demandé !
A rebours. Céret tente de remonter le cours de cette histoire taurine qui nous file entre les doigts. Dans la série des recortes du Vallespir cette année, la bonne surprise des coimbras, les mauvaises nouvelles des cuadris et des sánchez-fabrés. En toute franchise, je soupçonnais l'ADAC de se faire plaisir avec ces Portugais en sortant des kilos et du bois, un bon croisement Atanasio-La Corte pour garder la "moyenne". Le dessert en entrée, le fastidieux pour le dimanche de chaleur. Les coimbras ont affiché du caractère, du tempérament, le genre de détails dont on déplore l'absence à longueur de tarde. En face, Frascuelo dont le physique ne suit plus, ne semble tenir qu'avec l'amidon de sa torería, comme certains toros prolongent ce qui leur reste de souffle par la caste. Quelques détails inutiles en ces temps de rentabilisation. Fernando Cruz, pâle comme une toile où le fatalisme semble projeté en boucle. Morenito de Aranda, content de lui, mérite d'être revu. Le 5, colorado d'estampe méritait d'être vu autrement qu'errant au milieu du ruedo pendant 20 minutes. Il fut bien tué dans les corrales. Una pena...

Nuit de la découverte, sur la plage de galets, au beau milieu des tables du restaurant, je passe en voiture, au moins ici mangeons-nous sur des nappes ! Le gars du Zodiac a perdu ses clés sur la grève secrète. Dans le ciel, l'ami Gandarien, inspiré par ces bateaux au mouillage dans la crique dessine avec la lune des pélerins-aficionados. Anna pleure discrètement, en face, puis à droite, encore à droite, un peu à gauche et tout droit ensuite, il y a le Brésil trop proche. Ma nuit s'arrête-là. La mienne.
Decrescendo : novillada attendue, Santa Coloma, Coquilla, souvenirs de St-Martin-de-Crau, SyS a déja fait l'article. Novilleros en dessous de quelques opportunités. Déçu.
Rebrousse-poil : En finir avec Cuadri. Elevage autrefois béni, autrefois chéri. Comme le temps pour d'autres choses, le taille ne fait rien à l'affaire. Quand on est parado/descastado... on est descastado/parado. Cette histoire de petit ruedo, bouée à laquelle l'afición s'accrochait n'y changea donc rien. Quelques impacts au cheval en caoutchouc de Bonijol (ces montures qui contrebraquent dans les airs), les bouches fermées jusqu'à la fin et rien d'autre. Incohérence d'imposer des rencontres là où il n'y a pas grande bravoure, fermeté légitime aux banderilles, Robleño dans les cornes, Véroniques d'Aguilar et sourire ultra-bright de Mora. Si j'étais David Mora, je n'estimerais guère nécessaire d'être torero, pas besoin avec les filles ! Tous les atouts étaient de notre côté, un pigeon m'avait chié dans les cheveux avant la course. Rien n'y fit.

Céret et ses banquets qui s'éternisent au point de nous sucrer le miel d'une sieste dans le parc. Céret et ses naturels trésors de Catalogne à portée de main. Céret, Vercors torista, que je quitte à regret. Abrazos précipités.
Malgré les néons, les trains de nuit ne sont jamais assez glauques.

Vous trouverez en galerie
RUEDOS du site la galerie consacrée à la dernière course du Céret de Toros 2009, la très décevante corrida de Cuadri.