24 juillet 2009

Moonwalker(s)


Trop, c'est trop. Depuis le 25 juin dernier, trop de Thriller, Bad et autre Beat it. C'est bien connu un génie mort c'est quand même vachement plus vendeur qu'un génie vivant. Depuis le 25 juin dernier les radios passent en boucle des hits aussi géniaux que surranés. La brèche était ouverte. Il ne restait plus qu'à s'y engouffrer.
On dit que sur les premières mesures de Smooth criminal on peut entendre battre le coeur de Michael Jackson. Les raccourcis sont faciles. Les parallèles aussi évidents qu'un moonwalk inventé pour un gala de la Motown. Qu'on le veuille ou non Michael Jackson n'est pas le seul à marcher sur la lune.
Mexico, Madrid, Barcelone... José Tomás entend à peine les battements de son coeur, ou ne veut plus les entendre. Bucarest, 1992, Dangerous World Tour, Michael Jackson entend-t-il encore quelque chose ? A cette époque MJ se touche allègrement les parties génitales, et devant José qui saigne de toutes parts un aprés-midi de juin 2008 à Las Ventas, on serait presque tenté de faire pareil... Bah, rien de sexuel là-dedans. "C'est la musique qui me pousse à faire ça... Je suis esclave du rythme" dit Michael. José Tomás risque de provoquer des gestes inconvenants dans les tendidos. Un monumental "ouhhh" hurlé par un public en délire s'agrippant les attributs en question, ça changerait du "bieeeeeen" désormais tellement convenu.
Retour en arrière. 1987. Devant l'homme au miroir, Michael Jackson lui demande de changer son apparence. C'est aussi le moment d'être vraiment, vraiment méchant !
Barcelone, juillet 2009, les antis défilent. José it's not too late to do the right thing ! Et c'est presque trop beau pour être vrai. On voudrait tellement les entraîner dans le métro, dégainer nos perfectos, cintures cloutées et fuseaux rock'n roll légèrement too much et leur lancer d'une voix de falsetto pas crédible pour deux sous en mauvais garçon : Who's bad ?
On murmure aussi que lorsque José Tomás torée de salon c'est devant d'immenses miroirs qu'il le fait. Les parallèles sont faciles n'est-ce-pas ? Tous deux pâles comme la mort, hommes de peu de mots, extravagants, scandaleux... Quand Michael joue à Peter Pan à Neverland avec des enfants, José fait la rock star avec son groupe ou joue au foot dans l'équipe de son village. Michael refuse de grandir, répète à qui veut l'entendre qu'il essaie d'imiter Jésus en distribuant de l'amour à son prochain. José Tomás a fêté ses 33 ans. Des tablas en guise de croix, ça convient à beaucoup de monde apparement. Arrêtons-nous là. On en réclamerait presque un mano a mano pour savoir qui repartirait avec Dirty Diana.
Une dernière chose tout de même. Cet autre devant le miroir ce n'est personne d'autre qu'eux-mêmes. Ce n'est pas changer dont il s'agit. Ce n'est plus le moment d'avoir non plus. C'est être qu'il faut maintenant. Et peu importe si on cherche à être ce que l'on n'est pas, ce que l'on n'est plus ou ce que l'on ne sera plus jamais. Partir, revenir, se cloîtrer... Un incessant aller-retour de 50 ans pour Michel Jackson. Toujours plus loin de son corps, se fuyant à grands coups de chirurgie esthétique mais toujours plus proche de sa musique, de son "art" comme il aimait à le répéter. Le corps de José Tomás est couvert de cicatrices. Un peu plus étranger peut-être à lui-même chaque jour. Mais allant là où les autres ne vont pas, plus proche de lui-même malgré la distance. Mais trop, c'est trop. Ce que José fait en piste c'est Dangerous. Depuis le 25 juin dernier, rien ne sera plus jamais dangereux pour MJ. "Je donnerai mon petit cousin pour un nouveau Thriller" ironise Thomas Ngigol...
Moi, je puntillerais bien le mien pour revoir Tomás comme un certain après-midi de septembre 2008 à Barcelone. Non. Vous avez raison. Trop c'est trop. Finalement, il ne nous reste plus qu'à reécouter les premières mesures de Smooth criminal, et guetter une éventuelle tachycardie de la part de José Tomás.
Car si ceux qui marchent sur la lune ne valent pas la peine que vous écoutiez leur coeur, qui d'autre le vaudra ?