10 août 2009

El quite del botellón


A partir d'une réflexion pertinente de Marc Gerise

El Quite del botellón est une suerte extrêmement rare tombée en désuétude en raison de la passivité croissante des publics. Dans le toreo d'aujourd'hui, il requiert un comportement ouvertement scandaleux et provocateur permettant une ire délirante du public à l'égard du torero. Il est de bon ton d'avoir pris du sitio au préalable afin de permettre aux tendidos de monter en température (lorsque le torero regagne la talanquère par exemple). Une fois le public chauffé à blanc et unanimement en pétard contre le coletudo, il suffit de lancer un projectile vaguement en direction du matador en déconfiture, non dans le but de l'atteindre physiquement mais dans l'optique d'exprimer de façon outrancière son opprobre. Ce geste désintéressé, plein d'abnégation, magnifique illustration de la parole de Christ rapportée par St Matthieu (V, 1-12), permet au matador accablé de détourner l'attention du public en se saisissant de l'objet et pointer le fautif. Le choix de l'objet est primordial... Il doit être solide et potentiellement dangereux. Du danger potentiel dépend la victimisation du torero, propre à susciter la sympathie et absoudre les fautes. La solidité du projectile permet au matador de s'en saisir pour désigner l'expéditeur. La portée du symbole gagne alors en importance. Par conséquent, il est recommandé d'éviter les pianos à queue et autres enclumes, difficiles à soulever d'une main en gardant son quant-à-soi. La maîtrise du crescendo émotionnel et la surprise du recorte constituent les éléments-clés de la réussite du quite. L'auteur du quite est généralement désigné illico par quelques voisins de tendido bien-pensants et scandalisés, ravis de collaborer à l'expulsion du trublion par les autorités locales. Pendant ce temps, le torero, déchargé du fardeau de l'attention et du poids du courroux veille à passer le plus naturellement du monde dans le callejón.
Ce quite a été pratiqué hier par un aficionado inconnu sur la personne du novillero Carlos Guzmán à Parentis-en-Born à la mort du 5ème novillo et réalisé à l'aide d'une bouteille... d'où le nom.

Note du comité de rédaction de CyR : CyR et ses collaborateurs s'opposent fermement et condamnent toute utilisation d'un grand cru pour la réalisation de ce quite.