08 septembre 2009

Bluuuuuurp


Lu dans Sud Ouest ces derniers jours, sous la plume d'un certain Guy Lagorce :
"Aimer la corrida, c'est vivre dans l'inquiétude, cette fameuse inquiétude sans laquelle l'Art n'existerait pas. La grâce de 'Desgarbado', ce « petit toro au coeur de cathédrale » (Zocato), nous avait pour une fois éloigné de cet état d'angoisse et plongé dans une belle euphorie qu'une partie du mundillo s'empressa aussitôt de descendre en flammes. Car ce monde si minuscule, si menacé en cette époque où le progrès et la bonne conscience font rage, a le don, plutôt que de s'unir pour résister, de se déchirer, de s'attraper aux cheveux et de s'excommunier en querelles byzantines, alors que les barbares frappent à la porte... Il est d'une méchanceté pire que celle du milieu littéraire. C'est dire ! Donc, des docteurs en tauromachie auto-proclamés (le genre pullule) décidèrent sans avoir réfléchi (ils n'en ont pas besoin, car ils « savent ») que nous avions assisté à un attentat contre l' « Esprit », le « Dogme », la « Vraie Foi ». Seigneur ! J'avais cru voir une muleta dérouler d'admirables rubans avec un temple rare, un torero cambré comme une lettre arabe donner des liaisons ininterrompues à un toro brave et noble. J'avais cru voir fleurir des roses inconnues, s'envoler des éventails de passes rares et pures... Eh bien non ! Pas assez de piques ! Sans doute... Mais Miguel Angel Perera le maestro n'est-il pas meilleur juge ? Ne pouvait-on pas pour une fois entrer de plain-pied dans une clairière ocre où l'on serait presque heureux ? Non, monsieur ! Bien. Peut-on alors évoquer la corrida de 1999, avec Enrique Ponce, Miguel Abellán, Morante de la Puebla, onze oreilles et une queue ? À la rigueur ! Mais c'était très exagéré. Je vous trouve, monsieur, une gueule de touriste.
Ainsi sont nos ayatollahs tauromachiques. Si vous prenez du plaisir à une corrida « artiste », c'est que vous êtes idiot, inculte et incompétent, même si vous appréciez aussi les corridas dures.
Aimer la corrida, c'est pendant 10, 20, 30, 40 ans, porter à chaque fois une croix et en éprouver du bonheur. La corrida est un MYSTÈRE. Les inquisiteurs nous percent le flanc et nous haïssent de ne pas aimer à leur façon. Nous ne répondrons pas. Nous nous contenterons de les laisser à leur douleur, à leur venin, à leurs caves obscures, à leur fanatisme tragique. Et nous irons même jusqu'à les aimer, puisqu'ils font partie d'un monde dans lequel nous avons choisi d'être.
Sur ce sujet, Jean Cau m'avait prévenu il y a longtemps de cela..."
Guy Lagorce est écrivain, ancien journaliste et ancien athlète international. Il a obtenu le Goncourt de la nouvelle, le prix Cazes et le prix des libraires pour ses divers romans.

Oups, glurp... Bluuuuuuuuuuurp !!! La gastro est passée mais la gerbe persiste ! Et le "prix con" ? Ils ne lui ont jamais filé ?