19 septembre 2009

Nîchmes (II)


Ce matin à Nîchmes, s’il met une épée à son second toro, peu importe où du moment que l’effet en soit rapide, Enrique Ponce coupe deux oreilles, la queue, et allez savoir quoi d’autre. C’est un fait, annonce mon voisin, Enrique est un monstre. Un monstre dites-vous. Voyons ce que nous dit à ce propos Le Petit Robert.

Monstre : être, animal fantastique et terrible (des légendes, mythologies). Voir chimère, dragon, etc. Animal réel gigantesque ou effrayant. Ensuite Robert nous parle de cétacés, de poulpes et de monstres marins.

Je ne suis pas franchement convaincu. Pour ma part, je tendrais plutôt à considérer le señor Ponce comme un alchimiste, soit un type capable de transformer de la merde… en caniche.
Allons donc voir ce que nous dit Robert sur l’alchimie. L’alchimie nous vient de l’arabe. Il s’agit d’une science occulte, née de la fusion de techniques chimiques gardées secrètes et de spéculations mystiques, tendant à la réalisation du grand œuvre. Robert nous signale qu’il existe également « l’alchimie du verbe » de Rimbaud. Mais là, il me faudrait Hélène Galtier.

Donc oui, plutôt qu’un monstre, Don Enrique est un grand alchimiste, capable, nous venons de le voir, de transformer une merde en caniche. C’est cela, la grande œuvre du toreo moderne et contemporain.
Le toro ne sort plus pour être combattu, lidié, et encore moins piqué. Il sort pour être rassuré, cajolé, mis en confiance, avant d’être transformé… en caniche. Alchimie taurine à laquelle quelques vieux cons demeurent obstinément hermétiques. Encore que le mot soit mal choisi puisque Robert nous explique que l’hermétisme est l’ensemble des doctrines ésotériques des alchimistes. Alors nous serons juste vieux et cons, même pas hermétiques. Si c’est pas la misère ça...