26 mars 2010

Fashion week : tendances 2010 !


Putain d'hiver qui n'en finissait plus... Mars s'est enfin rendu et a fini par abdiquer. Voilà qu'on nous accorde la trêve des jours courts et rigoureux. Et quand l'hiver capitule, ça commence à fleurer bon la violette des champs andalous et l'asphalte brûlant des routes qui nous y mènent. Sentir la morsure de ce soleil qu'on avait fini par oublier, et y rester, juste parce que c'est bon de savoir que la saison est là, frémissante, et qu'elle nous attend... Alors, allons-y !

Séville, Madrid... ! Ça commence épais ! Les carteles tombent comme les mangues de Belém et... se fracassent comme les mangues de Belém. Les deux "ladies" de l'afición mondiale ont passé les années à se repoudrer le blaire sans se soucier de raviver la garde-robe, et je crois me souvenir que l'élégant tailleur de l'une et la très chic robe longue de l'autre nous avaient déjà ravis en d'autres temps... Oui, mais, en d'autres temps.
Les promesses de la torride andalouse ont fini par me faire sourire, et le regard noir de la grande castillane tourne vaguement au marron "comme les yeux de cochons". Je m'inquiète. C'est certain, les publics respectifs de l'une et de l'autre ne sont plus ceux de... Séville et de Madrid. L'un devient grotesque, jour de grand délire, l'autre se "couille-mollise"... Ensuite, Juli, Manzana, Morante dans l'ordre, et Morante, Juli, Manzana dans le désordre, ça donne Núñez del Cuvillo, Daniel Ruiz, et Puerto dans l'ordre et Puerto, Daniel Ruiz et Núñez del Cuvillo dans le désordre. C'est prouvé scientifiquement.
"¡Vaya Cartelazo!", nous dirait l'autre !
Et pour les "ayatollahs", les "talibans" et autres frais "atrabilaires", il restera bien un Victorino "new generation", un Cuadri de fond de puits, un Dolores (pourvu que) de "cojonudos" et y'aura toujours un reste de Moreno de Silva au fond du frigo... avec, en face, toute la meilleure volonté des quelques bipèdes de fond de classe qui feront tout, n'en doutons pas, pour se racheter une conduite ou arrondir à coup sûr les fins de mois d'une temporada pas ficelée. Mais ceux-là auront-ils au moins les moyens de s'attirer les honneurs de cette presse "fashion" qui encense l'immense mérite des figuras à tenir debout pendant 10 minutes et 150 000 muletazos, un Parladé infâme qui aurait sûrement préféré finir sa gamelle de pienso, plutôt que de guerroyer lamentablement dans un cercle poussiéreux ? Pas sûr...
C'est comme ça, ceux qui savent, rechignent à se mouiller les doigts dans un morrillo saltillo ou ibarreño... et croyez bien que dans les milieux autorisés, on ne saurait que trop les encourager à ne surtout pas s'y risquer ! Je sais, c'est pas nouveau, mais ça se généralise. Et même, ça se banalise. Mais ils vont couper, je sais ça aussi, et même ils triompheront, je vous le promets. Les autres, ils fracasseront, ou on les applaudira, pour leur courage sans faille, et on parlera de "mala casta", d'adversaires à "fort taux d'intoréabilité"... Enfin, vous connaissez la musique. Bref, ceux-là, très mauvais ou trop braves, peu de chance qu'on leur coupe les oreilles à coups de redondos inversés. Au pire, on les affligera de tous les maux, au mieux on dira qu'il y avait bien quelque chose, mais "Oh, pute borgne ! Si Juli était tombé dessus... !" Rassurez-vous, ça n'arrivera pas. Enfin, pas en 2010, et pas à Séville, ni à Madrid. La "vergüenza torera", c'est "total has been, mec", et comme toujours, mieux vaut se taper un Juan Pedro des mauvais jours qu'un Dolores hasardeux. 2010 sera donc l'année de l'Afición monofocale, l'essence même du concept de corrida moderne. Libre à vous de vous en réjouir ou pas.

Le jour où vos minots gagneront le collège avec une plume au Q, ils vous répondront que c'est forcément bien puisque Dior ou Chanel l'ont dit... Après tout, Chanel et Dior, question fringues, ils s'y connaissent mieux que vous, non ?

Alors Séville et Madrid, question Fiesta Brava, pensez donc !