06 avril 2010

Arles, Miura...


C'est souvent ainsi, pour ne pas dire toujours. Expectación rime avec dececpción, c'est aussi vieux que le monde. Et pourtant nous nous y laissons prendre, presque à chaque fois.
Il était illusoire de rêver que cet œillet rose puisse être la copie conforme ou simplement s'approcher de l'immense 'Clavel Blanco' de septembre dernier. Pourtant ils étaient tous venus, les aficionados, nourris de rêves et d'espoir. La chute n'en fut que plus brutale, car assister à cette concours 2010 avec en tête celle de septembre 2009, six mois plus tôt, ne fit qu'ajouter au calvaire. On pouvait s'y attendre, mais tout de même...
Glissons pudiquement sur l'échec de cette concours 2010. Glissons également sur la grande déception que fut pour nous Juan del Álamo. Nous l'avions découvert l'an passé plein de promesses, avec sa verdeur de novillero, certes, mais avec aussi d'immenses talents. Glissons donc et attendons la prochaine pour le revoir et continuer d'entretenir l'espoir, vibrer à nouveau.

De l'espoir, à l'inverse, il n'y en avait guère avant la corrida de Miura. En tête, les analyses de cornes positives des vétérinaires taurins français, même si l'affaire fut vite étouffée par les taurinos, les politiques et leurs thuriféraires dans un grand élan œcuménique d'idiosyncrasie salvatrice.
Et puis, surtout, ne nous voilons pas la face, les résultats des dernières sorties souvent catastrophiques et tellement loin de la légende étaient à nous faire désespérer de revoir un jour une "vraie" miurada.
Dimanche, en Arles, ce fut pourtant le cas. Et on a pu penser que la famille Miura avait voulu laver l'affront des analyses vétérinaires passées. Les Miura ressemblaient enfin à des Miura. Et le moral a également suivi, conforme à ce que nous connaissons de la légende. De là à écrire que nous avons retrouvé la fureur et la terreur de leurs frères d'il y a quinze ou vingt ans, lorsque les Nimeño, Fundi, Meca, Mendes se les coltinaient, bien sûr que non. Nous en sommes même loin. Mais la surprise fut positive, la course d'une très bonne tenue. Des complications, du genio, du sentido, du danger, de la variété, sans toutefois la terreur d'une époque finalement pas si lointaine, que nous avons tous connue, mais qui a sans doute disparue à jamais. Il n'empêche qu'il fallait s'y mettre et se les envoyer. Et c'est ce que fit notamment Rafaelillo avec son second, héroïque par naturelles, mettant sa jambe et sa virilité en jeu. Un grand coup de chapeau à Rafaelillo, même si au bout du compte le public ne l'a pas franchement vu et fêté comme il se doit.
Un autre coup de chapeau à Mehdi Savalli, plus que digne et posé dans le contexte. Un Savalli qui s'affirme une fois encore comme capable de faire face, rester calme, ne pas perdre les papiers dans la tourmente. Et puis Padilla... bon... Padilla... Et puis là, on regrette le Fundi.

>>> Une galerie de la course de Miura est accessible sur le site, rubrique RUEDOS...