08 mai 2010

Aurore campera : El Gustal de Campocerrado


A T.T. (comme Entêté)

Gustal de Campocerrado, 8h30 ou quelque supplice du même acabit...

Pour ceux qui pensent que le campo, c'est les vacances, sachez qu'au détour d'une conversation chez un éleveur, vous encourez toujours le risque que le programme déjà chargé s'alourdisse d'une étape qui vous coûtera une heure de sommeil et vous sucrera le café. En novembre, cela donne l'occasion de voir le soleil se lever sur le Campo Charro, tenter de percer les nuages menaçants, fracasser le pare-brise pour venir frapper mes pupilles endormies. Sois maudit Thomas Thuriès !
Devant la finca, Fernando et son pantalon de velours attendaient, incrédules, dans le frais matin salmantin.
- Bueno, encantado. Pero... ¿Os puedo preguntar cómo habéis encontrado?
Une couche au moins centenaire de bonne éducation avait gommé les jurons emphatiques qui auraient pu appuyer l'étonnement légitime du maître des lieux de nous trouver là, un vendredi de novembre.
Tu m'étonnes ! Putain, mais qu'est-ce qu'on fout là dans ce coin introuvable ? Pensais-je in petto.
C'était à croire qu'il ne voulait voir personne : le numéro dans l'annuaire de l'Asociación était faux... La ganadería elle-même est planquée au cul de chez Rekagorri, à l'abri derrière 3 ou 4 portails et quelques kilomètres de brousse. Bien après là où tout un chacun se contenterait de faire des photos de gros Atanasio pour vite retourner à la civilisation et boire enfin un café. Mais il a fallu que le petit de chez Pilar Población balance le bon numéro la veille... Sale gosse !

Un frais matin salmantin donc, une estampe de ganadero interloqué et compatissant devant nos visages creux décide de nous récompenser de nos efforts : nous voici en route pour les cercados et mon humeur s'éclaircit. Le campo reste un miracle !
Les enclos ne sont pas immenses mais bien tenus, les idées sont claires, le discours déterminé. Le romantisme de la démarche n'a rien de surrané ou décati, le sentiment se porte clairvoyant et vigoureux par ici. Vaches, toros, placita, añojos, l'héritage de Manuel Arranz affiche sa santé et les paroles du ganadero nous mettent le moral au zénith. Anecdotique adorno pour rétamer les derniers vestiges de crasse paresse matinale : ici, c'est le fiston qui tiente ; c'est qu'avec les professionnels, on est parfois un peu dupés...

Retrouvez tous les renseignements sur cet élevage d'origine Manuel Arranz sur Terre de toros.

Photographies Un novillo du Gustal de Campocerrado et un carnet campero © Frédéric 'Tendido69' Bartholin/Camposyruedos.com