05 mai 2010

Une vie de merde

centralparcweb

Nîmes, samedi premier mai 2010, stade Kaufmann.
Bruno Doan ouvre ses cartons, étale ses livres : Camposyruedos, Flamenco en flammes, Conversations avec Claude Viallat, Traje de luces et, bien sûr, In Vino.
Il fait gris, frais, les gens arrivent sans se presser. Je fais la connaissance de Jacques Maigne, qui fut l’auteur avec Jacques Durand de L’Habit de lumière et Guadalquivir.
Je ne le connaissais pas, et nous nous découvrons un intérêt commun et vif pour les vins bourrés de fruit, les vins vitaminés et naturels. Ça tombe plutôt bien. La journée s’annonce prometteuse.
Au passage, ne vous dispensez surtout pas de vous plonger dans ses conversations avec Claude Viallat, le peintre. Vous y croiserez des personnages que vous connaissez sans doute. Un vrai rayon de soleil bien de chez nous. Un régal de livre.
Je m’assois, tripote négligemment mon stylo tout en me disant que les vignerons auront logiquement bien plus de succès que ma pomme.
A cet instant, sans prévenir, comme sorti de nulle part, débarque un type, grand, imposant, que l'on pense timide. Il serre dans ses bras un sac plastique, m’aborde un peu circonspect.
- C’est vous ça ? Campos y Ruedos.
- Euh, oui, c’est moi. Enfin nous sommes plusieurs.
Sourire. Et sans autre forme de préambule :
- Môssieur ! J’ai une vie de merde ! Des clients de merde ! Ma femme me fait chier ! … Heureusement, j’ai un ordinateur ! Je vous lis tous les jours ! Plusieurs fois par jour même. Surtout continuez ! Si un jour je divorce, il se peut que ce soit un peu de votre faute… Alors voilà… Ça fait un peu groupie, mais lorsque j’ai su que vous étiez là, je suis venu avec mon livre, que j'ai commandé, pour que vous me le dédicaciez.
J’en suis resté sans voix, éberlué. Et j’ai oublié de demander à notre lecteur fidèle quel était son métier, et le prénom de sa moitié.
Pas grave, car finalement nous avons tous, quelque part, une vie de merde.

Presque au même moment. New York, Manhattan, Central Park.
Regardez ce cadre new-yorkais. Lui aussi il doit avoir des clients de merde. Une vie de merde à manger des burgers, sauter en courant dans des taxis jaunes. Alors, le week-end, direction Central Park, son ground zero des Beatles, son Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir, ses pelouses et son soleil pour s'y détendre et lire Camposyruedos. Si ce n’est pas le début de la gloire ça. Nous sommes presque riches les filles.
Et je vous brinde ce post cher lecteur inconnu, et à vous aussi aussi cher New-Yorkais pressé.