19 juin 2010

Trait flamenco


Malgré une chaleur étouffante, et parce que vous avez deux lettres à poster en urgence, vous décidez de faire prendre l'air à votre chère petite tête blonde qui n'en demandait pas tant. La poste centrale, en retrait du boulevard circulaire, offre un excellent point de départ pour une excursion dans l'hyper-centre ; vous abandonnez les joueurs de boules à l'ombre des platanes et du monument aux morts, visez le Café (branché) de la Poste et vous engouffrez rue Gambetta dont l'agitation piétonne et automobile vous ferait presque oublier que vous vivez dans une sous-préfecture. Arrivé à l'angle de la massive et romane collégiale Saint-Martin (appelé Martin l'Espagnol car né en Espagne et lapidé à Brive au Ve siècle), vous prenez la rue du Docteur-Massénat et ses trottoirs pavés où vous ne tardez pas à croiser une jeune fille au violoncelle et un jeune homme à la guitare. Vous poussez la porte du conservatoire qui met à votre disposition une salle d'attente fraîche, clinique et déserte que votre bambin s'empresse de réagencer à sa guise — attention, ça déménage ! Vous avez juste le temps de saisir un programme du Festival d'Avignon et un autre d'Arte Flamenco de Mont-de-Marsan, sans oublier le bras du « petit monstre », que vous rejoignez vite fait la poussette garée dans la cour et fuyez... De retour (au calme), tandis que le minot dévore sa compote pommes-bananes (une orgie), vous consultez votre maigre récolte. Vu l'épaisseur du programme de la cité des Papes, vous retardez sa lecture en soirée.

Mont-de-Marsan, donc, et « 3 sourires 3 » : un pour la qualité du visuel du festival 2010 que l'on doit à l'illustratrice Amélie Fontaine, élève de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad), et qui devrait consoler ceux chagrinés par celui offert à cette pauvre Madeleine ; un autre pour la présence le jeudi 8 juillet du guitariste Moraíto Chico, fidèle d'entre les fidèles de notre cantaor préféré, j'ai nommé Agujetas1 — ce soir-là, c'est La Macanita de Jerez, comme Agujetas, et du quartier Santiago, comme Moraíto, qui fera gronder l'orage dans le ciel montois ; et un dernier pour la tenue d'une exposition2 réunissant pas moins de 150 photographies de plus de 70 photographes parmi lesquels Brassaï, Capa, Cartier-Bresson, et cetera.

Mon fiston aussi est tout sourire, il vient de balancer son reste de compote sur le parquet que je n'ai pas encore eu le temps de vitrifier. Pff...

1 S'il vous plaît, (re)lisez ce « Agujetas ».
2 Promise par le Ciego il y a déjà deux mois. À noter également la résidence de Christophe Dabitch et de Benjamin Flao — Mauvais Garçons, Solea 1 & Solea 2, Futuropolis, 2009 — avec lesquels rendez-vous est pris pour l'édition 2011 du festival.

Exposition Prohibido el cante. Flamenco y Fotografía au musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan, du 5 au 30 juillet 2010, de 10 h à 19 h du 5 au 9 juillet, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h les autres jours.

Image Amélie Fontaine © Arte Flamenco