27 juillet 2010

Orthez 2010 - Exterminator


L’an passé, ou il y a deux ans, Môssieur Zocato s’était laissé aller à écrire que les toros de Palha n’avaient plus leur place dans nos ruedos contemporains.
Lorsque j’écris "Palha" il faut entendre "Folque de Mendoça" parce que l’autre, Fernando, pour les gens comme Môssieur Zocato, c’est déjà comme s’il n’existait pas. Il n'a d'ailleurs jamais existé.

Ce week-end, à Orthez, Môssieur Zocato a remis le couvert.
Victime désignée à la vindicte populaire : les Saltillo d’Enrique Moreno de la Cova. Les lecteurs de Camposyruedos savent de quoi il en retourne avec ces Saltillo-là. Ils sont allés les voir comme on va voir certaines courses à Céret, avec l'espoir d'une renaissance et la crainte que le rêve ne soit prématuré, ou illusoire.
Ça marche, ou pas, mais on essaie, on innove, on tente et toujours avec l'espoir de lendemains meilleurs. D’ailleurs, il fallait voir à Orthez le nombre d’aficionados venus de partout, de toute la France, d’Espagne aussi : l’Afición quoi.
Seulement voilà, Orthez n’est pas Céret. Orthez n’est rien en fait. Orthez a juste commencé à avoir des idées l’an dernier, et a juste commencé à tenter de les mettre en œuvre, avec plus ou moins de réussite, ce qui est logique.

Une partie du mundillo n’apprécie pas, et ce que l’on ne se permet plus avec Céret, on se le permet évidemment avec Orthez.

Monsieur Zocato remet donc le couvert. Et pour se payer Orthez il désigne à la vindicte populaire la tentative romantique d’Enrique Moreno de la Cova de redonner vie à ses Saltillo : « novillos-mastodontes... plus armés que le débarquement normand... des mammouths... l’ultime "Jurassic Park"... salaire de la peur... » jusqu’à décrocher le pompon avec le très définitif : « Chair à canon, chair à taureau inutile, dérangeante, mal à l’aise, une brin malsaine ? Chacun jugera. »

Evidemment, après la diatribe qui précède, poser la question c’est y répondre.
Que Monsieur Zocato exècre les toros avec de grandes cornes, les toros retors, « les choisisseurs » orthéziens, qu’il ait trouvé les toros grands, petits, laids, beaux, qu’il se permette de s'en aller dire ses aigreurs d’estomacs au président à la fin de la course, tout le monde s’en fout, qu’il l’écrive également. Nos plumes et nos esprits sont libres.

En revanche, qu’il prône publiquement la disparition d’un encaste qui n’entre pas dans les canons classiques et contemporains du toro monopiqué, et présente forcément les inconvénients d’un chef d’œuvre en péril en cours de restauration, à Camposyruedos cela a du mal à passer.
Cette après-midi, l’ami Angulo me fit cette remarque que je reprends bien volontiers à mon compte : « Comment peut-on écrire que dans une arène les "bestioles" présentées ne doivent pas être dangereuses pour les jeunes éphèbes pubères qui sont censés les combattre ? C'est quoi un toro sans danger ? Une entrecôte au roquefort ? Une palourde nyctalope ? Un hérisson chauve ? Une bitte d'amarrage ? Un piranha végétarien ? »

Dans un coin d’Andalousie, Enrique Moreno de la Cova, à force d’afición, a entrepris de redonner vie à un encaste en voie de disparition, un encaste qui participe à la diversité du campo bravo. Il y parviendra peut-être, ou pas. On ne sait pas. Mais il donne de son temps et de son argent pour une tentative, peut-être vaine, mais magnifique, que l'Afición ne peut considérer qu'avec respect et intérêt.
Au même moment, en Catalogne, des politicards s’apprêtent, peut-être, à amputer la Fiesta d’une partie de son histoire.
Prôner, au même moment depuis nos rangs, la disparition d’un encaste, condamner une démarche ainsi romantique est profondément choquant. D’autant plus choquant que ce n’est pas la première fois...
Vous me direz que Môssieur Zocato n'a rien fait d'autre qu'emboîter le pas d'un certain Paco Chaves, novillero, qui déclara après avoir échoué face au bétail de Moreno de Silva à Madrid : "De tels élevages ne devraient même pas exister." Pour de tels propos certaines arènes ont jugé bon de le déprogrammer...

>>> Retrouvez en rubrique RUEDOS du site www.camposyruedos.com une galerie dédiée à ces Saltillo à exterminer.