30 août 2010

Coureur d'encierro


Cette photographie, à l'image de la précédente, aurait pu être « sans paroles ». Sauf qu'en la voyant, un papier de TOROS a jailli de ma mémoire — il ne restait plus qu'à mettre la main dessus.
Trois coureurs invités par un club taurin, et Miguel Darrieumerlou qui prend des notes pour la « vieille dame ». Les propos recueillis respirent l'intelligence et l'afición. Voici quelques courts extraits :


« L'encierro va se passer, avec tout son rite de bonheurs et de frustrations possibles et, à la fin de l'encierro, l'événement majeur c'est de nous retrouver, comme nous ne courons pas tous au même endroit, ni sur la même distance ; il y a d'abord une quête de l'un et de l'autre. Le groupe se recompose, ça va mieux, tout le monde est là, il n'y a pas eu de blessés... »

« [Le regard des autres] peut être parfois dubitatif, moqueur, mesquin... peu importe. Il n'y a pas d'un côté les très bons coureurs et d'un autre les mauvais coureurs. À partir du moment où un homme s'est mis sur le parcours, où un homme a décidé de ne pas s'échapper, il est coureur d'encierros. Après, il fait en fonction de ses capacités, physiques et psychologiques. »

« Bien sûr, implicitement on a envie, lorsqu'on s'apprête à courir, de faire quelque chose de fort, de grandiose. Paradoxalement, l'homme qui a été très fort pendant la course tente souvent de disparaître rapidement, d'être le plus discret possible, le plus humble, presque anonyme. [...] Si les autres l'ont vu, cela suffit à sa quête, à sa réalisation. »

>>> Miguel Darrieumerlou, « À propos de Pamplona. L'Association française des coureurs d'encierro ou l'art de courir pour l'art ! », revue TOROS n° 1631, 6 juillet 2000, p. 1-3. Merci Vincent !

Image © Laurent Larrieu