17 septembre 2010

Carlos


C’était un jour de pluie à Séville. Un jour de pluie à Séville, c’est différent. Très différent. Ciselée comme une arabesque, légère comme une senteur d’oranger, la fine pluie sévillane parvient inexplicablement à vous mouiller de la tête aux pieds. Surtout les pieds. Les trottoirs n’étant pas le souci premier des Andalous, si toutefois il s’avérait possible qu’un Andalou eût des soucis, ce qui est loin d’être démontré.
Pieds mouillés, un jour de pluie à Séville. Des Domecq à la Maeztranza et une fois n’est pas coutume nous allons les voir. Scission. Et pendant que les amis rencontrent « el arte puro », je rencontre un ami.
Je n’aurais jamais dû le connaître, mais le destin est ainsi fait. Nous ne nous sommes pas choisis, simplement assis l’un à côté de l’autre, et nous sommes devenus amis. Une amitié instantanée, sans passer par la moindre étape de copinage. Un coup de foudre amical. Si l’océan nous séparait à la naissance, l’écart c’était réduit au plus sec des ríos espagnols. J’ai rencontré Carlos à la Real Maeztranza de Sevilla. Avant le paseo je ne le connaissais pas, au dernier arrastre j’avais l’impression de le connaître depuis toujours. Lui, le Mexicain marié à une Hispano-Anglaise antitaurine ! Relation improbable pour un être improbable. Sous sa barbe se cachent toute la douceur et la gentillesse de l’Amérique du Sud. Dans sa tête déambulent sans cesse de petites bêtes à cornes qu’il tente de matérialiser à sa manière dans son art. Carlos est un artiste. Je ne sais pas juger de ses œuvres, mais je peux vous parler de son âme. Et Carlos a, à n’en pas douter, l’âme d'un artiste.

De rencontres en rencontres, d’improbabilités en improbabilités, Carlos fut mandaté pour peindre le cartel du congrès « Fundamentos y Renovacion de la Fiesta » qui aura lieu à Séville les 23, 24 et 25 septembre prochains (http://fundamentosyrenovaciondelafiesta.blogspot.com/).

Parallèlement à cette manifestation, si vous passez par Séville ne manquez pas d’aller saluer Carlos à l’Hotel Colón (Calle de Canalejas, 1, Sevilla) où il inaugure son exposition « Bos Taurus Ibericus ». Et pour ceux qui n’auront pas la chance de s'y rendre, il reste son site Internet : http://www.carlos-salgado.com/.

Lorsque j’ai annoncé à Carlos que je ne pourrais pas me rendre à son vernissage, il me répondit platement et naturellement :
« Pourquoi ? Tu ne veux pas que ta fille soit andalouse ? » Il est comme ça Carlos !