29 septembre 2010

Le cheval portugais


— Oh ! regarde le beau cheval. Il est beauuuuu !
— Je te l’ai déjà dit et je vais le répéter une dernière fois. Les seuls chevaux pour lesquels il vaut la peine de jeter un regard, ils ont un caparaçon et y’a un gros monsieur planté dessus et ce gros monsieur il a une grande lance en bois avec un bout en fer pour puyasser les toros et il parle avec une grosse voix comme çaaaa.
— Oui je sais tu me l’as déjà dit tout ça. Mais il est beau, non ?
— Il est à poil ton bourrin ! Tout nu, perdu, sans but, sans destin ! On dirait une pub pour un savon sans femme nue dedans. Y’a un manque, un vide. C’est un concept, tu peux pas comprendre, t’es trop petit.

Le problème du Portugal, c’est le cheval. Le problème du cheval portugais, c’est son endurance et le fait qu’il déteste porter le caparaçon. Il fait sa sainte nitouche, il prend des pauses, des airs de rien, secoue le crin pour se remettre la mèche et discute des derniers potins qu’il a entendus chez son maréchal-ferrant. Le cheval portugais regarde la vache de haut et la trouve toute crottée. Il ne souffre pas la boue, ne goûte que de loin le charme campagnard, mais pour lui suranné, du bleu de la placita de tienta et ne daigne même pas faire caca sur le sable blanc sale où la vache épuisée le poursuit.
Le cheval portugais déteste le premier tiers et lit 6toros6. Le soir, avant de se coucher, le cheval portugais se connecte au réseau, discute sur Facebook avec d’autres fans de la frange de travers (c’est la mode) et feuillette l’édito du président de l’OCT pour savoir comment Morante a été Dieu, Ponce une grosse merde et Juan Bautista génial le jour où il devait toréer à Sangüesa.

— Putain, tu comprends maintenant ???

>>> Retrouvez une galerie consacrée à une tienta chez Ribeiro Telles sur le site www.camposyruedos.com, rubrique CAMPOS.

Photographie
Le dernier Ribeiro Telles de la dynastie © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com