28 novembre 2010

Baratin


Une de moins. Avant la prochaine, puis la suivante, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus.
Et il ne reste déjà plus grand-chose. Ce n’est pas un début, juste une suite inexorable. Le mouvement est quasi perpétuel.
La variété génétique du campo bravo fond au soleil, encore plus vite que des neiges de moins en moins éternelles.
La richesse du campo se raréfie aussi sûrement que la population de thon rouge en Méditerranée. Sauf que là, personne ne se réunit pour en parler, tenter d'agir. Pas d'aficionados, ou d'ONG, encore moins de politiques, rien.
L’immense majorité des taurins professionnels sont à la diversité génétique du taureau de combat ce que les Japonais sont au thon rouge : des fossoyeurs.
Les raisons en sont similaires, presque identiques : le fric, le profit, le business.
Et l’on prétend inscrire tout cela au patrimoine immatériel de l’humanité. Foutaise.
Comment expliquer alors que le monde taurin laisse disparaître, sans bouger le petit doigt, ce qui fit sa richesse et son identité ? Cynisme.
Dans un tout autre domaine, l’association Slow Food, en opposition à fast-food, a été créée en 1986 par un Italien, Carlo Petrini.
Slow Food lutte contre la standardisation du goût. Elle lutte, concrètement, pour le maintien de races d’animaux. Elle a aussi créé un conservatoire de graines anciennes afin d'assurer le maintien de la biodiversité. Slow Food compte aujourd’hui quelque cent mille adhérents.
Chez nous, quoi ? Un conservatoire des encastes ?
Il a bien été créé, à une époque, une banque de conservation de semences mais elle est tellement discrète que l'on se demande si elle existe encore.
Bref, rien. Rien de concret, juste la triste ambition d’une inscription au patrimoine immatériel de l’humanité. Immatériel le campo, immatériel le toro, immatériel le patrimoine génétique.
Du baratin quoi.