18 février 2011

Pepín


Madrid, milieu des années 1990.
Quelque temps auparavant, dans les tablas du 5, Pepín Liria avait été héroïque avec un manso de Diego Garrido armé comme un cerf.
Le lendemain, au campo, un rejoneador, scandalisé, nous avait déclaré qu’au fronton de Las Ventas il faudrait enlever « Plaza de Toros » et le remplacer par « Cirque romain ».
Il avait vu la course à la télé...
Pourtant, Pepín ne s’était pas fait manger par le lion, pas plus que par ce terrifiant Dolores Aguirre quelques saisons plus tard. L'émotion de ce combat perdure aujourd'hui encore dans ma mémoire. Rien de brillant, ou de clinquant, simplement l'émotion véritable d'une Fiesta encore sauvage. Une  Fiesta non encore diluée dans les fundas, les indultos antiréglementaires et au rabais, les toros non piqués de plus en plus domestiques, et dans un contexte chaque jour plus désolant.
Les taurins, et sans doute plus encore les rejoneadores, ne goûtent pas les toros âpres, compliqués et spectaculaires. Les toreros sans doute pas plus. Mais l'histoire fait qu'il s'en ait toujours trouvé pour s'y mettre devant.
On peut même dire qu’ils les détestent, même s’ils nous expliquent, la main sur le coeur, que ces toros-là, qui plaisent aux spectateurs que nous sommes, ne sont pas plus dangereux que les autres qui leur plaisent à eux. En fait, ça serait juste qu'ils ne les servent pas. Ou l’art et la manière de prendre les aficionados pour des cons, en quelque sorte.