28 avril 2011

Voyages


"Pour voyager je me débarrasse de tout ce dont je pourrais être encombré et je fais une sorte de cure. A chaque fois.
Je voyage léger, un seul appareil photo, un seul type de pellicule, un seul sac.
Je dirais qu’il y a une sorte d’épure qui permet d’aller à l’essentiel, qui est mon essentiel à moi.
C’est une sorte de mise en péril, en étant justement fragile de par le fait que l’on ne s’arme pas et que l’on ne se crée pas une armure qui va faire que l’on sera tout simplement incapable de sentir ce que l’on traverse.
C’est surtout une manière de se mettre en disponibilité. Le but, je crois, est de trouver la manière adéquate pour être, en fait, poreux.
A partir du moment où on est complètement dans le voyage et complètement dans le présent du voyage, là les choses commencent à arriver, à devenir.

C’est très facile après de critiquer un certain style de voyage qui a eu lieu avec l’avènement du tourisme.
La caractéristique profonde du touriste est qu’il doit être dérangé le moins possible.
Il se crée une carapace. Le voyage, déjà, est pris en charge par quelqu’un d’autre.
L’efficacité du voyage tient au fait qu’il n’y a aucun moment perdu.
J’ai décortiqué des programmes de voyages touristiques et il y a toujours, quelle que soit la durée, une journée de libre. En général c’est plutôt une demi-journée qu’une journée de libre. Il y a une demi-journée de libre.
Donc ça veut bien dire que le reste du temps ce n’est pas de la liberté, c’est une contrainte majeure.
Pour moi la liberté est justement d’aller où je veux comme je veux. Mais en même temps la liberté suprême c’est aussi de se choisir sa propre contrainte."
Klavdij Sluban, photographe.

http://www.hdatoulon.fr/expositions/index.php

Photographie © François Bruschet