09 octobre 2011

El Toro de Salamanca


195 pages qui ne sont finalement qu’une photographie de famille. Une photographie sur laquelle on est enfin arrivé à réunir tout le monde, un jour de mariage peut-être, de baptême pourquoi pas ou d’enterrement. Mais on ne prend pas de photos les jours d’enterrement. Ils sont tous là, ils posent, cousins, frères, sœurs, grands-parents, parents, tante qui pique, nouveau-né "trop mignon", pépé qui vibre sur une chaise, les dents longues du beau-frère qui vous rayent le cuir de godasses achetées à prix d’or pour l’occasion. Il fait beau et on prend trois fois la photo pour être sûr, pour en avoir au moins une à l’arrivée. À l’arrivée, c’est un pan d’histoire figée à jamais. Une histoire de famille avec ses rires, ses déchirements, ses secrets et ses morts. Une histoire de famille, rien de plus, rien de moins. C’est important dans une vie les histoires de famille. Vicente Sánchez López est un aficionado d’Alba de Yeltes. Son livre, El Toro de Salamanca. Pasado, presente y futuro del campo charro, est une photographie de famille du Campo Charro. C’est par la famille qu’on y entre et qu’on en sort ; ce sont les familles charras qui sont les guides de cette saga campera. Finalement, quoi de plus logique pour une activité (la ganadería) si intimement liée à la terre ? Quand on regarde une photo de famille, on pense toujours, c’est inévitable, à ceux et celles qui ne sont pas dessus mais pas loin, au cimetière, et qui persistent à insuffler un bout d’eux-mêmes dans ceux qui restent. Vicente Sánchez López raconte les vivants et les morts de ces dynasties charras, navigue entre images sépias et le gris vert des encinas qui, elles, pourraient conter le temps jadis car elles l’ont vu.
Les familles ne meurent pas, ou lentement. Il persiste des noms, des titres, par le père, par la mère. On transmet, on hérite, on est un Fraile, un Tabernero, un Madrazo, un Cobaleda, un Clairac. Le Campo Charro survit bon an mal an sous les nuages que souffle le Portugal voisin, sous la neige l’hiver et la poussière d’été, le long des ríos et sous les nids de cigognes. Mais les toros d’ici sont partis pour beaucoup. Sur la photo, ils manquent. On le savait, on l’écrivait déjà, mais ce livre, cette photo de famille d’un bout d’Espagne des toros, fige pour demain une réalité contre laquelle aucun logiciel de retouche ne pourra rien. Pour faire croire, pour combler les vides sur les bancs, on y met du Domecq, du racine carrée de Domecq, de l’extrait de Domecq, de l’aspartame de Domecq, du Domecq made in China.
Au milieu du livre, il y a le fer de Joaquín Matías Bernardos, un point d’interrogation à l’envers. Ça aurait fait une jolie couverture.

À lire Vicente Sánchez López, El Toro de Salamanca. Pasado, presente y futuro del campo charro, Genoves Libros, Salamanca, 2011.

Vicente Sánchez López viendra présenter son livre à Saint-Sever (40) lors de la 27e Semaine taurino-culturelle qui se déroulera du 4 au 11 novembre 2011 et dont vous pouvez découvrir le programme ici : Semaine taurine 2011. Il sera présent le jeudi 10 novembre en soirée aux côtés de ganaderos comme Fernando Madrazo, Mariano Cifuentes ou Juan Sánchez-Fabrés, mais également aux côtés de Thomas Thuriès (collaborateur de www.camposyruedos.com et animateur du site www.terredetoros.com) qui présentera les 11 encastes qui seront combattus à Saint-Sever le vendredi 11/11/2011.

>>> Le blog de Vicente Sánchez López : Albaserrada.