09 octobre 2011

« La Fiesta al natural »


Je n’ai pas assisté à la dernière Mercè. Je lui ai préféré la découverte d’un monde qui m’était jusqu’alors inconnu et où je comptais trouver l’afición qui fait défaut dans la cité condale, et dans bien d’autres endroits en vérité. Le Levante n’est pas la Catalogne, soit, mais ce n’est pas loin.
Nous savons bien que les pleins de la Monumental de ses fins de saisons étaient totalement artificiels, liés à la présence de José Tomás, et significatifs de rien. Les « antis » avaient déjà gagné, depuis longtemps.
Alors à quoi bon ? Si c’était juste pour pouvoir dire « j’y étais », je me foutais bien d’y être.
Plus loin, une paire d’heures de voiture plus au sud, je suis allé chercher dans ces ruelles étroites ce qui fait cruellement défaut à la fête actuelle : l’émotion et la vérité du toro.
Bien sûr, il n’y a pas de piques, d’habits de lumières, de paillettes, de mise en scène, et ces activités sont bien souvent décriées jusque dans nos rangs. Mais je voulais voir, juger sur pièces, toucher du doigt et vivre quelques jours au cœur de ce monde-là.
Et j’ai vu, j’ai approché la passion qui anime ces populations, des plus jeunes aux plus vieux. Il n’y a rien ici de moribond, rien à remettre en cause, rien à discuter. Les choses se déroulent naturellement, avec toutes les générations, avec ceux qui regardent et ceux qui osent s’y mettre devant.
Quinze jours à peine après mon voyage, alors que je fouine dans mes planches-contacts, encore déconnecté du monde qui m’entoure, nous arrivent de Zaragoza les images terribles de Juan José Padilla.
Certains se refusent à les diffuser sous prétexte de je ne sais quel voyeurisme malsain. C’est curieux. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Une autre fois peut-être.
Padilla, bien malgré lui, vient de faire un cadeau énorme à la fête des toros. Il vient de la justifier, mille fois plus que ne le feront jamais les vedettes du G10.
Le drame de Padilla vient rappeler la dureté de la Fiesta, sa grandeur aussi, son anachronisme.
Les toros sont des fauves, puissants et sauvages. C’est ce qu’ils devraient être pour que cet anachronisme puisse se justifier et perdurer, en piste, ou dans les rues des villages.

Sur la tragédie de Juan José Padilla, sur les larmes de Miguel Abellán peut-être, il va s’écrire sans doute beaucoup de choses. Je vous engage à lire « La Fiesta al natural » sous la plume de Francisco Callejo.