07 août 2012

La connerie n'est pas soluble dans le nombre


Un tardo de Veiga Teixeira — Laurent Larrieu 
Les toros tardos sont insupportables. C’est à croire qu’ils agissent ainsi, vicieux, pour coller la rougne au public parce qu’ils savent que ce public qui est un peuple a horreur du vide et qu’il exècre le temps qui s’égrène en silence ou dans l’hésitation d’un animal (il ne faudrait pas oublier qu’un toro est un animal) qui affronte le mal du fer et la mort comme issue. Les toros tardos sont un bras d’honneur à la mode et en cela ils ne peuvent pas être tout à fait et complètement mauvais.
« Ça suffit ! Changez le tiers ! Y’a l’apéro après ! J’ai piscine ! Il est nul ce toro !… »

Et le président de laisser choir un mouchoir blanc comme il le fait de plus en plus souvent aussi après la seconde paire de banderilles, particulièrement lors des novilladas. Comme si le tiers de banderilles n’avait aucun intérêt, parce qu’il faut aller vite, vite, vite, et que la muleta ne pouvait pas attendre. Mal ou bien exécuté, le tercio de banderilles est essentiel à la lecture du comportement du toro et du novillo après l’épreuve des piques — si tant est que celles-ci aient été données assez correctement.

Mais le public, qui accepte de languir comme une bourgeoise de Maupassant en regardant s’enchaîner des chapelets de passes en rond, n’autorise plus que son temps lui soit volé par des animaux non conformes à ses attentes ou par des peones malotrus ou par le gazouillis sympathique d’une flûte gasconne qui agresse ses portugaises.

Et le président de laisser choir un mouchoir blanc, et la musique de s’éteindre, et le peón de se cacher.

Malheureusement, la connerie n’est pas soluble dans le nombre.