07 août 2012

Orthez, l'épique


À Philippe,

"De rage et de douleur le monstre bondissant
Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant" ( Racine, Phèdre )

Chronique épique sur la pique, illustrée, comme la tapisserie de Bayeux, la Chanson de Roland ou la chevauchée des Walkyries. Comme le plus souvent on a, la désagréable impression de prêcher dans un désert de sables mouvants quand on revendique un premier tiers dispensés dans les règles qui exalte la bravoure fondamentale du toro bravo. Mais serait-il possible que l'état d'esprit change ? Que la parole finisse par porter ? Que les consciences s'éveillent et ? 

C'est sûr, les Toiros de Veiga Teixeira n'étaient pas en villégiature dans le Béarn.
On les y avait conduits de force, ce qui a contribué à considérablement les contrarier, ils ont fini par monter sur leurs grands chevaux.
Évidemment quand on les énerve, quand on les asticote, quand on les houspille sans égards ni ménagements, comment s'étonner ensuite qu'il y ait du grabuge.
Trop tard pour les regrets. Il ne reste qu'à assumer et à s'accrocher en tenant fermement la barre dans la tempête. Ça secoue !
La barre avait été placée très haut, dès l'ouverture.
Comme toutes les stars, Passionarito s'est fait attendre. Il a pris tout sont temps avant d'entrer en scène mais après ce fut un véritable festival.
Un départ en fanfare, des début fracassants, de quoi en asseoir plus d'un !
Il fallait connaître la musique et être un véritable chef pour maitriser l'orchestre, tenir le rythme et imposer la cadence.
Le ton était donné, tout le monde s'est mis au diapason, Tito Sandoval avec aisance et facilité.
Encore faut-il connaitre son instrument, sur le bout des doigts !
Sinon autant déchirer la partition...
C'est Rivas qui a remporté le prix de la meilleure interprétation.
Il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'Ángel ne termine sa prestation par un saut de l'ange.
Reconnaissons tout de même qu'il y avait mis tout son coeur !
Tous ont fait preuve de courage et de volonté.
Chacun selon ses moyens.
Jusqu'à en perdre la couleur !
Au point d'en être désarçonné...
Ou d'en avoir plein le dos !
Avant de recommencer et de reprendre à zéro comme si de rien n'était.
Sans jamais s'écarter de la ligne...
Sans dévier d'un pas...
En traçant son sillon, jusqu'à la fin.
Bravo ! Seuls les grands mélomanes savent apprécier ce qui est beau. Seuls les mélomanes savent qu'un toro qui ne prend pas de piques est creux, il n'a aucun son.
Cette année, les grands mélomanes ont aimé le jeu de la cavalerie. Elle a largement contribué à la réussite de l'après-midi orthézienne. Bien entendu quand on affectionne la grande musique, on en mesure la qualité instrumentale.
Bien entendu, le tercio de varas n'est pas tout. Ce n'est que le prélude et nous sommes souvent restés sur notre faimLe superbe ramage des Vega ne fut pas toujours en accord avec le magnifique plumage des Teixeira ou inversement.
Quel tío cependant que ce Passionarito ! Quelle présence et quel combat ! Il fallait un torero engagé et valeureux comme Robleño pour lui donner la réplique. Bravo maestro !
Et bien entendu, une galerie photos, sans les piques, vous attend à la rubrique Ruedos du site.