24 novembre 2012

Une question noire


Céline disait que pour écrire il faut être capable de mettre sa peau sur la table, qu’il y a toujours un prix à payer. 
C’est ce à quoi j’ai songé en refermant Une question noire… Cet essai dans lequel René Pons s’interroge sur son amour de la corrida. 
Je vous imagine dubitatifs. Non… René Pons, dans cette cinquantaine de pages, ne vous donne pas les bonnes raisons d’aimer la corrida comme l'on vous donnerait les bonnes raisons d’acheter une lessive. 
René Pons s’est regardé dans le miroir, sans faire l’économie des aspects qui fâchent, sans faire l’économie du fond. 
La plume de René Pons court, limpide, fluide, et n'évite pas la question, à mon sens essentielle et à laquelle tout aficionado devrait avoir la lucidité de se confronter : la corrida est cruelle, violente et noire…
Sa peau sur la table, je vous dis…

« Ses adversaires trouvent la corrida cruelle et ils n’ont pas tort, puisque le mot cruauté est issu, l’étymologie nous le dit, d’une racine exprimant les notions de “chair crue, saignante” et de sang répandu. »
« La corrida, joyeuse et lumineuse pour la plupart de ses adeptes, se situe, pour moi, plutôt du côté de l’ombre. Derrière tant d’éclats c’est plutôt une nuit qui commence. » 

René Pons s’interroge beaucoup sur cette noirceur et sur bien d’autres aspects de sa passion taurine, sans jamais réellement parvenir à trouver les réponses à ses propres contradictions, les nôtres. C’est lucide, pertinent et remarquablement édité par l’Atelier Baie, comme toujours j’allais dire. Et c’est à lire absolument. 

Vous pouvez commander Une question noire directement chez l'éditeur, et écouter René Pons sur France Culture dans l'émission « Du jour au lendemain » d'Alain Veinstein :