07 août 2013

Tout bien réfléchi (suite)


Un monosabio de la cuadra d’Alain Bonijol, ManuelB, nous a laissé deux commentaires sur le post ouvert à Laurent Giner, « Tout bien réfléchi », à la suite de la corrida d’Escolar Gil du Céret de toros 2013, dont il fut l’assesseur du très peu et très mal inspiré Matías González, pour ne pas dire plus.
La publication étant déjà lointaine sur le blog, il me semble opportun de publier ici les commentaires de ManuelB.


Le premier
Que tout cela est confus, à force de vouloir tout simplifier, on ne retrouve plus l’envers de l’endroit !

Permettez quelques précisions, mais, avant tout, commencez par lire le communiqué d’Alain Bonijol, qui, lui, sait bien de quoi il parle.

Ensuite, précisons que deux modèles de piques sont homologués en Espagne : celui du gouvernement espagnol (dont les dimensions sont indiquées dans cet article) et celui de la province d’Andalousie (pique légèrement plus petite). 

Ceci étant dit, personne n’a le monopole de la fourniture de ces piques, pas plus García que quiconque. Donc, Alain est propriétaire de dizaines de caisses de piques, conformes au règlement espagnol, qu’il affûte et encorde lui-même. Nommer celles-ci García ou Bonijol n’a pas de sens ; elles sont seulement conformes au règlement, mais de fournisseurs différents.

Ensuite, Alain a mis au point une pique dite française, ou Bonijol (pour le coup, cette dernière appellation est valable), strictement fabriquée aux dimensions andalouses (épaisseur de corde comprise), la seule différence résidant dans l’absence de butée entre la pyramide en acier et le corps de la pique. — ManuelB


Le second
Maintenant, quelques commentaires :
— Depuis son apparition, cette pique a finalement reçu l’assentiment des picadors, parce qu’elle pénètre plus facilement, n’oblige pas à pomper.
— Il faut rappeler que, vu les problèmes qu’a connu Alain avec cette profession en imposant des chevaux moins lourds et mieux dressés, celle-ci ne se serait pas gênée pour faire opposition bruyamment, comme ce fut le cas par le passé. La critique initiale d’une pique faisant moins saigner a été résolue par l’ajout de rainures sur le corps de la pique. Chacun peut, depuis les gradins, ou de plus bas, constater de manière la plus objective si celle-ci ou celle-là fait plus ou moins saigner, pénètre plus ou moins bien (on pourra notamment compter le nombre de changements de piques par les picadors au cours du tercio, et comparer entre les différentes piques utilisées).
— Affirmer qu’Alain a mis des cordes sur ses piques pour tromper son monde est une bêtise (pardon, Laurent, mais c’est bien le mot). Ce n’est pas parce que des piques fournies par Alain sont encordées qu’elles ne sont pas conformes au règlement en vigueur, en dimension et en construction. Seule la marque change.
— Prêter au jeune picador Gabin Réhabi l’intention de faire du lobbying pour la casa Bonijol est aller un peu vite en besogne, car ce n’est l’état d’esprit ni de l’un ni de l’autre. Qu’il préfère celle-ci ou celle-là en tant que professionnel est son droit ; son droit aussi de l’exprimer. 

On a vu dans d’autres occasions, en Espagne, des picadors espagnols réclamer aussi celles d’Alain, ce qui a été refusé par la présidence au regard du règlement en vigueur. Basta ! 

Que l’on ait de l’affection pour les uns ou les autres, on n’enlèvera pas à Alain Bonijol d’avoir, par le cheval, l’harnachement et, aujourd’hui, la pique, toujours milité pour un tercio faisant partie du spectacle. La plupart des picadors l’ont compris, Óscar Chopera aussi, qui lui confie toutes ses arènes, et de nombreuses autres arènes comme Céret, à tel point que l’on se demande comment et pourquoi ces oiseaux se lancent dans une telle polémique !

On ne peut pas nier non plus que ce tercio a connu de profonds changements ces dernières années ; il n’y a qu’à voir la notoriété de nombreux picadors, ou de cuadrillas entières (comme celle de Castaño). 

Chacun l’attribue à ce qu’il veut, mais il me paraît personnellement difficile de dissocier ce travail vers une meilleure qualité de cette nouvelle reconnaissance, même s’il doit bien y avoir quelques autres raisons. 

Je n’avancerai pas masqué plus longtemps, je suis monosabio de la cavalerie Bonijol parce que j’admire l’afición, l’abnégation et le courage d’Alain. Je me porte garant du fait que ses seules motivations sont dans la fourniture de prestations de la plus grande qualité, pour un spectacle intégral. Chacun en fait ce qu’il en veut.

Il n’en reste pas moins vrai que chacun peut faire son boulot d’aficionado en faisant un tour par le patio de caballos avant les courses pour voir le matériel, personne ne se fera jeter. Aux assesseurs et présidents de faire respecter le règlement en matière de montage, position de la pique, etc., et à l’UVTF de faire au minimum son boulot d’analyse et de décider ce qu’elle croit devoir décider — ça la regarde.

Il me semble bien que, lorsque les changements sont intervenus au niveau des banderilles, il n’y a pas si longtemps que cela (ou alors j’ai vieilli sans m’en apercevoir !), cela avait fait moins de pataquès… Pardon d’avoir été si long, et je crois qu’il reste encore bien des choses à dire sur le sujet… — ManuelB