27 février 2013

Question noire et catalane


René Pons, auteur de l’ouvrage Une question noire, sera l’invité de l’Arène blanche, et parfois noire, le vendredi 1er mars à 18 heures précises.

C’est évidemment la librairie Torcatis qui accueillera cette nouvelle soirée du cercle littéraire catalan.

Entrée libre et gratuite.

25 février 2013

‘Bailaor’, hijo de ‘Bailaora’



Le 16 mai 1920, « un toro a tué Joselito ». 

C’était à Talavera de la Reina, non loin de l’injuste Madrid, cette Madrid dont il voulait se reposer en se rendant à Talavera, cette Madrid piailleuse et pinailleuse qui l’accusait de s’envoyer des Albaserrada cornicortos. Le 16 mai 1920, c’est ‘Bailaor’ qui a tué Joselito d’un coup de sa petite corne, parce que ‘Bailaor’ voyait mal de près mais bien de loin. Les peuples ne pardonnent pas et viennent assister aux exécutions les plus atroces sur la place principale de la ville, sans sourciller, sans repentir, les visages froids et fermés léchés un instant par des vagues de flammes.

‘Bailaor’ était un toro de la ganadería de la Viuda de Ortega. Une veuve que l’on pourrait dire noire mais qui ne goûtait pourtant guère la passion ganadera de son fils Venancio Ortega Corrochano, fils de Vicente Ortega, agriculteur et propriétaire de la finca « Santa Apolonía » dans les environs de Talavera.

Le 16 mai 1920, Venancio Ortega Corrochano a cessé d’être ganadero en même temps que s’échappait du corps d’un roi une vie vouée au sacrifice de soi. Ainsi meurent parfois les rêves et les ganaderías. Il semblerait d’ailleurs qu’au lendemain de la nouvelle qu’« un toro a tué Joselito », un autre ganadero, Juan Contreras Murillo, prit la décision semblable de se défaire de sa ganadería. Mais si Contreras la vendit en plusieurs parts (Sánchez de Terrones et Sánchez-Rico entre autres), Venancio Ortega Corrochano envoya ses bêtes au matadero. Personne ne s’en attrista, personne ne l’encouragea à ne pas le faire ; les crimes de lèse-majesté n’ont d’autre issue que la mort.

À la vérité, un voisin de la famille Ortega, Severo García García, réussit à racheter quelques vaches. Le courage ne devait pas manquer à cet homme. Non seulement ‘Bailaor’ venait de commettre l’irréparable, mais la ganadería, par voie de conséquence de la haine populacière à son encontre, se voyait diffamée, attaquée, critiquée sur les origines douteuses de ses bêtes et sur sa non-appartenance à la Sociedad de ganaderos de reses bravas. Peu prirent sa défense, évidemment, à l’exception notoire — et logique — d’un neveu de la Viuda de Ortega, le critique taurin Gregorio Corrochano, un des rares critiques de l’époque à avoir assisté à la corrida de Talavera. ‘Bailaor’ ne descendait pas de nulle part, loin de là. Dans les années 1950, le grand spécialiste des ganaderías espagnoles, Areva, proposa, photos à l’appui, un assez long exposé sur les origines de ce toro negro mulato, numéro 7, d’environ 253 kilos en canal (approximativement dans les 480 kilos en poids vif). ‘Bailaor’ était le fils de ‘Bailaora’, vache jabonera marquée du fer du Duc de Veragua, et du semental ‘Canastillo’, d’origine Santa Coloma (il était marqué de ce fer) et acheté à Dionisio Peláez.

Voici un extrait de ce qu’en écrivait Areva : « Puesto que Doña María Josefa Corrochano, viuda de don Vicente Ortega, fundó la ganadería entre los años 1909 y 10 con cincuenta novillas erales del duque de Veragua a las que puso como semental, de primera intención, el toro Espartero de don Amador García de Tejadillo (Salamanca).
« Al soto de “Entre-ambos-rios”, proximo a la dehesa “Santa Apolonía”, envío el ganadero don Dionisio Peláez a pastar sus vacas en año 1913.
« Acompañaban a las mismas varios sementales de origen ibarreño, con el hierro del conde Santa Coloma, entre ellos Canastillo, número 40, negro. Toro recortado, de magníficos antecedentes y muy bravo en la tienta que el señor Peláez cedió, a principios de 1914, a don Venancio Ortega para que siguiera ejerciendo la función reproductora con las puras vacas del duque. »

Dionisio Peláez est un nom aujourd’hui oublié mais qui eut une légère influence aux alentours des années 1910-1920 en vendant une partie de ses bêtes à divers ganaderos de renom dont le plus connu reste sans nul doute Argimiro Pérez-Tabernero, le frère de Graciliano Pérez-Tabernero. C’est avec des animaux d’origine Santa Coloma achetés à Dionisio Peláez en 1914 que ledit Argimiro Pérez-Tabernero se lança dans la folie ganadera en solitaire. Auparavant, il menait la ganadería familiale (celle-ci avait été fondée par son père don Fernando Pérez-Tabernero, en 1884, en croisant un lot de 25 vaches du duc de Veragua avec un semental d’Antonio Miura) avec Graciliano, alors même qu’Antonio, un autre frère, avait racheté, lui, la ganadería de Gama et qu’Alipio s’en alla avec son dû lors de la division de l’héritage du père (mort en 1909), en 1911.

Aujourd’hui, les bêtes d’Argimiro Pérez-Tabernero sont difficiles à retrouver dans la constellation complexe que représente l’histoire des ganaderías, et ce, de plus, parce qu’Argimiro fut assassiné en août 1936 et que nous n’avons que peu d’indices sur la pérennité de son troupeau. Il semblerait qu’une partie de celui-ci ait été récupéré par son homme de confiance et administrateur, un certain Antonio Escudero, qui menait aussi la ganadería de sa tante, Juliana Calvo, détentrice des célèbres Albaserrada cousins de sang de ses Peláez/Santa Coloma. Qu’advint-il des toros d’Argimiro entre les mains supposées d’Antonio Escudero ? Dans les années 1960, soit vingt-cinq ans après la mort d’Argimiro, le señor Zaballos acheta un lot de bêtes annoncé dans les annuaires comme provenant d’Argimiro Pérez-Tabernero…

Mais revenons à Venancio Ortega et à son croisement Veragua/Santa Coloma assez proche, finalement, de celui opéré à la même époque (années 1910) par José Vega, puis poursuivi par les frères Villar. 

Nous l’avons déjà écrit, seules quelques vaches évitèrent le sort peu glorieux du matadero après la tragédie de Talavera. Ces survivantes furent achetées par Severo García García — a priori la ganadería de la Viuda de Ortega fonctionna tout de même un tant soit peu durant une quinzaine d’années puisque les derniers toros lidiés sous ce fer le furent un 16 mai 1935 à… Talavera de la Reina. 

Severo García García n’est jamais devenu un ganadero de postín et n’a jamais fréquenté ni grandes férias ni corridas de gala. Au mieux son élevage s’est-il créé un petit nom dans les environs de Talavera pour des spectacles de village dont sont friands les aficionados locaux. Nonobstant, le grand mérite de cet homme, que l’on imagine pétri d’afición, a été de conserver son élevage durant tout le XXe siècle pour le transmettre à ses descendants dont fait partie l’actuel Severo García García qui s’occupe des bêtes sur les coteaux qui dominent la capitale de province.

Il faudrait beaucoup d’imagination et de mauvaise foi pour reconnaître dans la cinquantaine de vaches braves de Severo García García un tamaño proche de celui des vaches de Veragua. Presque un siècle plus tard, la ganadería a changé et divers croisements en sont la cause principale. Ainsi l’éleveur s’enorgueillit d’avoir pu faire couvrir ses vaches par un toro de Victorino Martín pendant dix-huit ans — la tête de ce toro trône dans la salle de restaurant de la finca « El Enebrillo » —, ou d’avoir eu la possibilité de voir passer sur ses terres escarpées des bêtes d’origine Coquilla, par exemple. 

Derrière les rochers, au coin discret d’un rare replat, une vache vient de mettre au monde son dernier. Le placenta est toujours là, les pattes tremblent et elle le pousse de son mufle comme si elle lui soufflait la vie et la force…


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Campos » du site, une galerie consacrée à la ganadería de Severo García García.

24 février 2013

Caubère à Avignon


Ce sera pour le festival Off. Les dates ne sont pas encore connues mais ça devrait se dérouler entre le 8 et le 31 juillet 2013, au théâtre des Carmes.

>>> Le site de Philippe Caubère.

22 février 2013

20 février 2013

« Comeuñas » dans le brouillard


« Sacré brouillard ! C’est dommage d’avoir fait autant de kilomètres et de ne pas pouvoir voir les toros. Avec un peu de chance, en fin de matinée, ça devrait se lever. »

Gaspar était vraiment désolé. Je n’ai rien dit, mais j’espérais que cette brume ne se lève jamais.


>>> Retrouvez une galerie de photographies d’une matinée à « Comeuñas » en cliquant ici.

Cuadri en Céret (IV)


Photographie Florent Lucas


19 février 2013

18 février 2013

Art-of-jeromepradet



Untitled from Tipy on Vimeo.

Pradet, chez nous, c’est « Batacazo ». C’est pas qu’on l’aime, le bougre, c’est qu’on l’adoooooore. Son style, son trait, son univers, sa moustache même. Une nuit, où il faisait soif et lune, il m’a avoué un de ses secrets : Egon Schiele. Fallait pas en dire beaucoup plus, j’ai pas demandé autre chose. Schiele suffit amplement.

Batacazo, c’est les toros mais pas seulement, et le « pas seulement » est gigantesque ; on peut en découvrir une île sur le blog que vient de créer Jérôme : Art-of-jeromepradet.

Allez-y, il y fait beau !

17 février 2013

« Ronda goyesca » d’Aitor Lara


Au détour d’une rue, il était en vitrine. Une couverture orange tirant sur le marron et le dos de Manzanita face aux piliers de la Real Maestranza de Caballería de Ronda.

Aitor Lara fabrique de superbes noirs et blancs que ce livre, édité par la toujours sérieuse La Fábrica, met en avant. L’ensemble est inégal question photographies mais certaines, les portraits surtout, rendent bien la tension de la corrida ; même Ponce arrive à la transcrire !

Au passage, Manzanares prouve, si besoin était, qu’il a une gueule, de celles que le cinéma ne renierait pas et parfois même de celles plus anciennes entraperçues dans les œuvres magnifiques de Leopoldo Pomès.

Bref, un beau livre de photographies sur la corrida goyesca de Ronda.

16 février 2013

World Press Photo 2013


Les prix du World Press Photo 2013 viennent de tomber, et l’on retrouve, comme chaque année, le lot des choses laides et violentes qui parsèment la planète, fruit du témoignage très souvent talentueux et courageux de ceux qui sont sur le terrain, à Gaza, à Alep et partout ailleurs «où ça chauffe».

Oui, il y a des photographes qui ont passé l’année à Alep… Certains considèrent ces démarches comme un voyeurisme discutable. 

Il n’est pourtant qu’à se pencher sur ce que fut le travail de Robert Capa au moment de la guerre d’Espagne pour vite se persuader du contraire. La découverte récente de la désormais fameuse «valise mexicaine» en est l’illustration incontestable.

Plus que de l’actualité, c’est de l’histoire de demain dont il s’agit de témoigner aujourd’hui. 

Parmi les multiples récipiendaires figurent : un Espagnol, Daniel Ochoa de Olza, dans la catégorie «Observed Portraits», pour une série consacrée au retour de Juan José Padilla après son accident (pas franchement enthousiasmant, voilà pour le côté taurin) ; mais aussi un photographe très apprécié ici, à Campos y Ruedos, l’Italien Paolo Pellegrin… toujours avec des noirs très denses, mais désormais en numérique ; et puis, enfin — on ne va pas non plus vous faire toute la liste —, un Portugais, Daniel Rodrigues, avec une photo primée dans la catégorie «Daily Life», laquelle illustre ce post.

Quelques heures après l’annonce des résultats, les réseaux sociaux portugais se félicitaient que la lumière ait été faite sur le travail de Daniel Rodrigues tout en se lamentant de sa situation actuelle. Daniel Rodrigues est aujourd’hui sans travail et a dû vendre la totalité de son matériel photographique… pour manger. Il se retrouve de fait dans l’incapacité de photographier. Une admiratrice portugaise lui a proposé un prêt de matériel pour pouvoir continuer. Vive la crise…

14 février 2013

De la chevalitude en Roumanie


Dans une déclaration concernant l’affaire du « chevalgate » ou du « lasagnegate » — vous choisirez —, José Bové, qui a un avis sur toutes les questions, laissait sous-entendre il y a quelques jours qu’une modification du code de la route roumain interdisant les charrettes de circuler serait à l’origine de l’extermination actuelle des équidés roumains, que l’on pense avoir retrouvés éparpillés entre deux couches de pâtes et trois fragments de bœuf.

L’affaire, qui fait hennir de rage nos voisins britanniques, devrait au contraire susciter l’enthousiasme des aficionados a los toros s’il s’avérait que le Captain America de l’OGM eût dit vrai.

En effet, comment ne pas voir dans cette affaire la chance inespérée pour l’Aficíon de redonner du panache et de l’action à la corrida, que tous les observateurs avisés considèrent engagée sur la pente glissante de l’art pour l’art et du G10 aux petits oignons. La corrida se doit de retrouver ce soupçon — et même plus — de sauvagerie et d’inquiétude qui fait d’elle ce qu’elle est. Les démarches engagées depuis maintenant une dizaine d’années par diverses cuadras de caballos sont un premier pas vers ce mieux que nous appelons de nos vœux, mais il faut faire encore plus !

Les canassons roumains sont devenus inutiles ? Les routes roumaines ont enfin des lignes blanches ? Le peuple roumain connaît enfin la joie du radar fixe ? 

Qu’à cela ne tienne, envoyez-nous vos chevaux, frères roumains et latins, rossinantes, haridelles, bidets, rosses et même poneys, on prend, on achète, on délocalise ! Frères roumains, c’est vers la gloire et le sacrifice — l’un va rarement sans l’autre, tu en conviendras ô brother – que nous les conduirons, au centre d’un rond qui fera leur éternité, leur légende. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ! 

Ton cheval, ô Roumain, va sauver la corrida. 

Avec lui, plus besoin de peto, parce que tant qu’à finir en lasagne, pourquoi pas en saucisse ? Venez ô chevaux roumains ; franchissez les frontières, qui n’existent plus, par milliers, par millions ; délaissez vos charrettes ; ne vous retournez pas, c’est une nouvelle vie — et la gloire… peut-être — qui s’offre à vous.

Amis Français, copains Espagnols, imaginez ! 

Imaginez ! 

Un flot ininterrompu de bourrins faméliques, un stock sans fin lamentablement abandonné par une loi inique : imaginez ces tiers de piques sans chichi, sans fioriture, sans tricherie. Plus de peto ! Le cheval dans son jus, la tripe aux quatre vents. 

Ah, elle aurait plus de gueule notre corrida cellophane ! 

Cheval roumain, Schengen est à toi, profites-en, Céret t’attend !

12 février 2013

Beau geste




Quand, le 12 juin 2011 au matin, sort du toril des arènes de Vic-Fezensac le taureau de l’élevage Cuadri, je bade ‘Comandante’ et espère. Une quinzaine de minutes plus tard, mes espoirs déçus, j’aurai à déplorer une très vilaine épée d’Iván García — ‘Comandante’ vacille, tremble et crache le sang, puis s’effondre. Le matador aux cheveux blonds, qui, impassible, ne l’a jamais quitté des yeux, s’avance alors et se penche pour donner en toute intimité trois délicates tapes sur la joue noire de ‘Comandante’. 


Image Scan de la carte de vœux 1999 de l’Adac. Toro de Maria do Carmo Palha estoqué, à Céret, le 12 juillet 1998. — Photographie Michel Volle

El Fundi & Escolar Gil à Nîmes ce week-end


Communiqué

En cette fin de semaine, l’association Les Amis de Pablo Romero organise une série de rencontres qui devrait réjouir les aficionados plongés dans l’impatience du démarrage de la temporada.

Jeudi 14 février
Le week-end commence, dès 19 heures, avec une exposition de peintures de Mario Pastor Cristobal et José García Ramírez — l’exposition sera également visible les vendredi et samedi de 17 h à 23 h.
Vendredi 15 février
À partir de 19 h 30 (¡en punto!), c’est José Pedro Prados ‘El Fundi’ qui sera à l’honneur de l’association. Il retracera les grands moments de sa carrière de figura del toreo — une vraie figura.
Samedi 16 février
À 19 heures (¡en punto!), on reste en famille avec Don José Escolar Gil, le beau-père d’El Fundi, qui évoquera son élevage et le bon moment qu’il traverse depuis maintenant plus de trois ans.

>>> Rendez-vous à l’Espace Pablo-Romero (12, rue Émile-Jamais, Nîmes).

11 février 2013

Mots-clés (II)


Mon cher Yannick,

Je sais que tu attendais la nouvelle récolte des mots-clés avec impatience. Tu ne vas pas être déçu !

On va commencer léger avec des recherches Google qui paraissent tout à fait adaptées à notre blog comme « taureau qui court », « taureau qui fonce » et « taureau qui charge» dérapant étrangement en « taureau qui pète »… Comme quoi l’on ne peut pas rester sérieux plus de cinq minutes.

On trouve également une jolie « tête taureau avec casquette de marin » et une « photo de taureau avec boucle d’oreille » ainsi qu’un très sympathique « pourquoi les toréadors ont des chaussettes rose ».

En plat de résistance, je te propose la rubrique « Bizarreries » avec :
— « entreprise navallon charpente metallique » ;
— « creme brulee chartreuse recette » ;
— « poeme pour se faire pardonner » ;
— « four a bois a gueulard maison a vendre » ;
— « samedi soir on chante colomane » ;
— « 2 vieilles dans la neige humour » ;
— « bouteille de sang qui se vide » ;
— « empecher les eleves de se balancer sur les chaises » et
— un très regrettable « le negro est abruti » dont on se serait bien passé.

Enfin, le dessert, que je te le livre brut de décoffrage : 
— « femmes noires nues » ;
— « filles qui s'embrasse avec la langue » ;
— « les plus belle chattes pénétré » ;
— « ma femme pisse » ;
— « blague grasse vulgaire » ;
— « artiste anorexique merde » ;
— « bitte dans la bouche » ;
— « cul serré » ;
— « déshabillez vous » ;
— « camping nue » ;
— « mec costaud nu » ;
— « poils intenses » (mon préféré) ;
— « prostituee de rue porto » ;
— « les petits branleurs » et
— « elle lui presse les testicules ».

Qu’en dis-tu ? Elle est pas belle cette liste !?

10 février 2013

Expo Léon Fulgence à Antsirabé


Contrairement à ce qu’affirme notre ami et mentor Paco Bruschet, il n’y a pas qu’à Paris qu’il faut aller courir les galeries d’art. Hier, alors que je m’apprêtais à quitter Antsirabé, sur les plateaux malgaches, je suis tombé sur cette affiche annonçant l’expo du peintre malgache Léon Fulgence. Las, les routes sont dangereuses une fois la nuit tombée sur la «Grande Île», et je n’ai pas eu le loisir d’aller voir de plus près l’œuvre de cet artiste. J’ai cependant pensé que l’évocation du savika sur cette affiche vous plairait. 

De ce que m’a dit mon oncle, le savika se pratique surtout à Ambositra, sur les plateaux au sud de la capitale, Antananarivo. À l'origine, cette pratique «taurine» proviendrait de la tradition d’envoyer les zébus piétiner les rizières après les pluies afin de produire de la boue. Les jeunes des environs s’employaient alors à s’accrocher aux bosses des bovidés pour tenter de les renverser en leur entravant les pattes antérieures avec leurs jambes. Cette tradition s’est ensuite transposée dans des arènes où elle a toujours lieu aujourd’hui. 

Je n’en sais guère plus ; j’espère refaire un saut là-bas prochainement et avoir l’opportunité de voir l’un de ces spectacles pour vous en dire plus.

Voici une liste de liens :
— Le blog de Léon Fulgence, le peintre qui expose jusqu’à la fin de la semaine à Antsirabé.
— La galerie de photos noir et blanc du photographe Rijasolo sur le savika… et plus de photos sur son site
— Une vidéo (musicale) d’un savika. Je suppose que le meilleur exemple de ce qu’il faut effectuer se trouve à partir de la 4e minute, avec la chute du zébu par un opportun «croche-patte» administré par le n° 22…

07 février 2013

Du modernisme en art


Les copains de Campos y Ruedos, ils sont tous un peu conservateurs !
Ils n’ont pas encore fait leur révolution numérique, vous savez ? Certains utilisent encore de la péloche noir et blanc qu’ils ont stockée dans leurs frigos, la larme au groin et le Rolleiflex en bataille, quand Kodak a fermé boutique.
Ils n’aiment que le toro dur et le vin vieux, c’est dire !
Eh bien moi, je les trouve outrageusement modernes les copains !
Pensez-vous, de la photographie…
Moi, j’utilise de la peinture à l’huile, comme les ancêtres de Daguerre et de Nadar, moi !
Non seulement j’utilise de la peinture à l’huile mais, en plus, je l’utilise comme on le faisait au XVIIe siècle. C’est-à-dire que je mélange de l’eau à l’huile.
Notez, je vous prie, que c’est bien le seul cas pour lequel je mets de l’eau dans quelque chose, vu que je ne bois pas de Pastis (ou très peu…).



05 février 2013

Les toros de Goya


Juan est désolé. En ce samedi de fin septembre, il n’y a plus grand-chose à voir. Quelques cuatreños ont été lidiés dans des villages de Castellón ; les autres sont partis à l’abattoir approvisionner la boucherie familiale. Et pour compliquer la visite, des trombes d’eau s’abattent sur la région de Valence depuis la veille au soir. Afin de nous mettre quelque chose sous la dent, notre hôte a réussi à séparer quelques vaches et leurs rejetons, qui pataugent dans la boue de leur enclos. Ils semblent nous implorer de les relâcher pour rejoindre les flancs de la montagne où ils pourront mettre leurs sabots au sec.

La visite ne fut pas vaine. Bien au contraire. Juan Bautista Giménez Martín n’est pas avare de son temps et, durant quelques heures, il nous raconta l’aventure de sa famille en nous abreuvant d’afición et de sa passion pour la casta Navarra. Il y a plus de trente ans, son père tombe amoureux des petits toros de Navarre et ramène dans le Levant un troupeau de José Nogué pure casta Navarra pour démarrer une véritable aventure. Diminué par la maladie, son jeune fils reprend le flambeau et installe l’élevage dans les montagnes de La Vall d’Uixó*. Juan nous raconte que, pendant des années, il a dû tout faire tout seul : chaque mur il a dû monter, chaque porte il a dû poser ; les poteaux et les traverses de voie ferrée, il les a tous portés sur ses épaules. Tout ce que notre regard embrasse il l’a fait de ses mains, qu’il nous montre grandes ouvertes comme une preuve de son sacrifice. Son élevage, c’est sa vie, et la seule chose qu’il demande en retour est de pouvoir le poursuivre. Mais les temps sont durs. Juan a du caractère et les idées claires, et il y a des chemins qu’il refuse d’emprunter. Ses vaches ne fouleront jamais les places des villages en «location», comme le font les autres éleveurs du Levant. Pour ses toros, il réclame la même place que l’on réserve aux fers de prestige. Une petite place dans les rues : un minimum pour pouvoir continuer.



À pas de loup, nous nous approchons d’un enclos et distinguons trois erales. Deux d’entre eux se chamaillent, entremêlant leurs cornes et mesurant leurs forces respectives. À sentir notre présence, les hostilités stoppent et les regards convergent vers nous. Juan soupire. L’été a été terrible. Les toros n’ont pas cessé de se battre et les pertes ont été nombreuses. C’est une caractéristique de cet encaste, nous explique-t-il. La montagne est pourtant grande, et le terrain propice à se cacher et à se faire oublier, mais, rien à faire, ses toros aiment la castagne jusqu’à ce que mort s’en suive.

Nous reprenons le petit chemin vers un autre cercado : le pensionnat pour toro blessé, la résidence définitive des vaincus ayant échappé à la mort promise sous la corne de leurs frères. En réalité, au bout de ce chemin, ce sont les toros de Goya qui nous attendent. Un castaño et un negro sortis d’un autre siècle, comme peints par l’artiste aragonais sur la montagne, ou expulsés des gravues de La Tauromaquia ou des lithographies des Toros de Burdeos. Des petits toros roux au regard de feu. Des toros bas, courts et musculeux, au poitrail large et profond, carifoscos, aux cornes courtes et veletas pour certains, terriblement fines et astifinas. Mais le plus terrifiant, ce sont leurs yeux : grands, saillants et vifs, où brûle le feu de mille enfers. Au dire de l’éleveur, ses toros sont nobles ; et il nous invite à pénétrer dans l’enclos pour mieux les admirer. Niet, pas question ! On est très bien derrière le muret et à l’abri — incertain — de cette petite porte en bois dont les gonds ne manqueraient pas de sauter sous la pichenette d’un de ces monstres. D’ailleurs, les deux soldats immobiles ne nous perdent pas du regard, le morrillo gonflé, les muscles tendus. Ils n’ont pas besoin d’une déclaration pour engager la guerre. Hiroshima, ce sont eux ; ça couve, ça mijote, un geste brusque et ce sera l’hallali.

Nous enterrons rapidement la hache de guerre et redescendons le chemin, conscients que, dans ce morceau de montagne, se cache un véritable petit trésor, une pépite génétique. Juan aussi le sait, lui qui ne cesse de repousser les assauts des intéressés, originaires du nord de l’Espagne et à la recherche de la source et de l’authenticité de cet encaste. Les toros ne sont pas à vendre. Les rêves, la sueur et les sacrifices ne se marchandent pas. Si un jour il n’est plus possible de continuer, si personne ne veut acheter ses petits toros roux pour les lâcher dans les villages de Castellón, ils termineront irrémédiablement sur l’étal de la boucherie. Le temps de la discussion, nous arrivons à la placita de tienta. Point de torero pour fouler le sable ; les vaches, Juan les «tiente» seul avec quelques amis tant que leur jeune âge le permet. Ici, le toreo bonito n’existe pas ; il faut dominer l’animal et jouer des jambes. Certaines se laissent faire tandis que d’autres sautent par-dessus le capote. Et lorsqu’on lui demande quelles vaches il préfère, il se fend d’un sourire et déclare choisir clairement les plus féroces et les moins dociles. 

Poignées de main, remerciements et promesses de revenir aux beaux jours ; quand notre voiture descend la montagne pour rejoindre les quartiers de La Vall d’Uixó, je repense aux toros de Goya et imagine un instant la fureur et la caste d’antan dans un village perdu de l’intérieur de Castellón. On y sera.


* En valencien (Vall de Uxó en castillan).

Les bonnes nouvelles


Après Aire-sur-l’Adour et Céret, c’est au tour de Saint-Vincent-de-Tyrosse de titiller l’intérêt de l’aficionado a los toros en programmant, pour sa corrida du dimanche 21 juillet 2013, un lot de Dña. Dolores Aguirre Ybarra.

Le calendrier des rendez-vous toro-toro se remplit lentement, mais de plus en plus sûrement…

04 février 2013

C’est à Paris qu’il faut aller


Paris… C’est à Paris qu’il faut aller pour se rincer l’œil. Ça tombe bien, question toros c’est la période creuse ; le moment est donc idéal. Actuellement, trois expositions méritent un voyage à la capitale.

On commence par la Maison européenne de la photographie (4e), qui consacre une rétrospective au New-Yorkais Joel Meyerowitz, street photographer qui sévit en couleur.

Antoine d’Agata, le sulfureux et talentueux photographe marseillais de l’agence Magnum, est quant à lui exposé dans les sous-sols du BAL (18e), non loin de la place Clichy.

Enfin, Klavdij Sluban, bien Français comme son nom l’indique, est présent à la galerie La Petite Poule noire (11e) avec une cinquantaine de photographies autour de la mer Noire. Klavdij, que vous pouvez écouter, sur France Inter, dans l’émission Regardez voir ! dont il était l’invité le samedi 2 février dernier.

Enjoy.



Photographie Klavdij Sluban

03 février 2013

Réminiscence


Le nom est imprononçable : Moralzarzal. Les voisins de Carmen Segovia hurlent de dépit sur une terre, infertile et malade, sans herbe, de laquelle ne semble pouvoir s’extraire que d’atroces fundas. La route n’est pas loin ; elle conduit à Madrid. 

On se dit qu’il y a mieux pour élever des taureaux de combat. On a déjà vu beaucoup mieux. Pour autant, la finca a son charme. Les hermanos González Rodríguez ont réussi à conserver le charme de l’ancien et, en cette fin de journée ensoleillée, les pierres lourdes de la placita de tienta s’adoucissent sous les attouchements des derniers halos d’une lumière maintenant ambrée. Le vent se glisse à pas feutrés entre les feuilles qui frissonnent d’aise et savourent le coudoiement des chevaux et le calme apparent — il ne peut être qu’apparent — des novillos de la ganadería. 

Les hermanos González Rodríguez sont d’étranges personnes, physiquement parlant. Hommes forts, imposants, marqués par l’âge qui avance et qui devrait plutôt annoncer le jubilé que l’entêtement à maintenir en vie l’un de ces innombrables élevages de bravos qui peuplent la région. 

L’un des deux a les traits d’une femme. Le visage est parfaitement glabre et barré de lunettes de soleil. Le buste est un mystère, comme s’il n’avait pu choisir entre les traits fermes et droits d’un homme et ceux arrondies, baroques et vivants d’une femme.

En replongeant dans les photos de cette journée — photos que j’avais oubliées —, ce sont ces souvenirs qui reviennent en premier. La douceur exquise d’une fin de soirée printanière, la saveur intérieure de regarder la nuit venir sur la pointe des pieds et cet homme étrange, comme asexué, comme inachevé, qui nous racontait son histoire et celle de son élevage qu’il ne voulait pas voir disparaître. 

La mémoire opère un tri curieux. Quelques jours après cette visite, c'est la finca et son histoire qui l’occupait toute. C’était là que ‘Diano’ avait débarqué en terres madrilènes et que Vicente Martínez embarquait certaines corridas. Je n’avais retenu que cela.

À mesure que le temps passe, ne subsistent que la réminiscence d’un état de la nature ce soir-là, une sensation purement corporelle ou sensorielle, le vent que je pourrais sentir sur ma joue, son souffle léger, constant et cotonneux, et ce monsieur étrange et sympathique qui eût pu être une femme.


>>> Retrouvez une galerie des bravos (origine Pablo Mayoral, soit Santa Coloma/Veragua) de Hermanos González Rodríguez sur le site, sous la rubrique «Campos».

02 février 2013

10



10 ! 

Ce n’était pas un but en soi mais, ça y est, l’équipe de Campos y Ruedos compte un nouveau membre, le dixième si notre compte est bon. Alors, bienvenue à Alain Lagorce alias “Puntilla”. Il dessine, peint, crée, écrit, dit des gros mots parfois, pense que la Seine pourrait être le plus beau fleuve du monde alors que d’autres osent avancer qu’il s’agirait du Tech (vous savez où c’est, vous, le Tech ? Non, sans rigoler ?), de la Dordogne, qui est une rivière, de la Saône, qui est une rivière aussi, ou du Rhône, qui se jette dans une mer sans vagues (non mais c’est à pouffer de rire), j’en passe et des bien pires. Il ne fait pourtant aucun doute que toute personne normalement fournie en matière oculaire et correctement équipée pour goûter la beauté des choses sait — car il s’agit d’une vérité ! — que le plus beau fleuve du monde est l’Adour, ronde comme un sein ferme et fière comme un toro qui défierait les foudres atlantiques. 

Bref, encore une fois bienvenue à Alain Lagorce ‘Puntilla’ ; puisse-t-il relever le niveau de cet antre égotique — le terme nombriliste n’est pas aussi joli — qui n’a cure des modes et des appels au rassemblement.


Alain Lagorce tient un blog sur lequel vous pourrez découvrir ses nombreux talents.
Alainlagorcepeintures.blogspot.fr

01 février 2013

Bombazo : Cuadri en Céret (II)







CÉRET DE TOROS 2013

Samedi 13 juillet
11 h :: Novillada d’Hubert Yonnet  |  18 h :: Corrida de Hros. de D. Celestino Cuadri Vides

Dimanche 14 juillet
11 h :: Corrida de Palha  |  18 h :: Corrida de D. José Escolar Gil


Photographie Adac

Bombazo : Cuadri en Céret (I)


Ce n’est pas un poisson d’avril tombé trop tôt ; c’est tout simplement une excellente nouvelle. 

L’Adac vient en effet d’acheter la corrida de Hros. de D. Celestino Cuadri Vides délaissée par Bilbao… Le Céret de toros 2013 s’enrichit donc d’une quatrième course. 

Pour le coup, la cerise sur le gâteau est encore plus appétissante que le gâteau lui-même. Merci l’Adac ! 

Pour la petite histoire, sur la photo, à Céret déjà, c’est José Escobar, mayoral emblématique, incombustible et invétéré fumeur de cigares, désormais retraité ; mais il paraît qu’il se rend tous les jours au campo… Et il n’est pas impossible que José soit également du voyage à Céret, en juillet prochain.

« Campos y Ruedos 03 » à Perpignan


>>> À l’invitation de l’Arène blanche, les don Quichotte et Sancho Panza de Campos y Ruedos seront présents à la librairie Torcatis, à Perpignan, ce vendredi 1er février à 18 heures.

« C’est toujours à Perpignan, quand les gars de Campos y Ruedos font signer leur bouquin, que me viennent les idées les plus géniales de ma vie. Quelques kilomètres avant, déjà, à Rivesaltes, mon cerveau commence à se mettre en branle, mais l’arrivée à la librairie Torcatis, à Perpignan, est l’occasion d’une véritable éjaculation mentale qui atteint alors sa plus grande et sublime hauteur spéculative.
Eh bien, ce 1er février, à la librairie Torcatis, j’espère avoir une espèce d’extase cosmogonique plus forte que les précédentes. J’ai eu une vision exacte de la constitution de l’univers. L’univers, qui est l’une des choses les plus limitées qui existe, serait, toutes proportions gardées, semblable par sa structure à cette librairie de Perpignan. » Bernard Domb*

* Propos fictifs, d’après une citation de Salvador Dalí.